Alep : peut-il y avoir une solution purement humanitaire ?

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Parce que les pays occidentaux et nous avons peur d’aider des mouvements qui se révéleraient par la suite incontrôlables, parce que l’expérience de l’Afghanistan et de l’Irak nous font craindre, à juste titre, de déclencher, par un soutien irréfléchi, des forces incontrôlables, nous ne soutiendrons pas militairement les combattants rebelles des quartiers Est d’Alep.

Dont acte.

Mais ne pourrions nous pas, oubliant la politique, nous préoccuper de l’humanitaire et travailler à sauver ces dizaines ou ces centaines de milliers de civils qui sont aujourd’hui sous les bombes, et dont les immeubles, les hôpitaux, les écoles, sont progressivement réduits en gravats ? Ne pourrions-nous pas faire pression pour que ces civils, qui ne sont pas parties prenantes du conflit militaire, cessent d’en être les premières victimes ?

Ce n’est pas sûr.

Quand un conflit se prolonge et qu’un camp, progressivement perd, sa population civile devient progressivement un rempart, puis le seul rempart contre la défaite et l’écrasement.

Imaginons un instant que le gouvernement syrien et ses alliés acceptent le principe d’un corridor permettant aux civils de quitter les lieux, que les forces rebelles l’acceptent également et que ce soit le cas, aussi, des civils, que se passerait-il ?

A peine le dernier civil aurait-il quitté les quartiers assiégés que la rébellion serait écrasée, militairement, dans un déluge de feu et d’acier, voire de gaz.

Évacuer les civils, pour des raisons humanitaires qui se comprennent parfaitement et auxquelles on ne peut que souscrire, c’est signer l’arrêt de mort de la rébellion, accepter son écrasement instantané, c’est la trahir. Trahir le camp que nous avons soutenu.

Dans l’Orient compliqué, n’avançons pas avec des idées trop simples. Il y a peut-être des solutions à la crise humanitaire d’Alep, j’espère qu’il y en a, mais cessons de faire comme si ces solutions étaient simples et qu’il suffisait, pour les mettre en oeuvre, de “courage politique”.

Car tel n’est pas le cas. Ça ne suffit pas.

Aldor Écrit par :

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