Un silence très doux

Dans Oedipe sur la route, de Henry Bauchau, qui est le récit de la quête d’Oedipe, conduit par sa fille Antigone, figure une scène où Antigone est reçue par une vieille femme, Diotime, et une jeune fille, Larissa. Antigone est épuisée, et il est alors écrit :

“Diotime et la jeune fille ont l’air de comprendre ce qui se passe en elle. Elles voient qu’elle ne pourrait parler sans se mettre à pleurer et elles se taisent d’une façon très douce.”

C’est cette façon de se taire d’une façon très douce, de faire silence de façon douce, qui est l’objet de cette improvisation enregistrée.

Rares sont les personnes qui savent se taire, plus rares encore celles qui savent se taire de façon douce, c’est-à-dire attentive et respectueuse, pleine d’amour, en acceptant de ne pas dire ce qu’elles voulaient dire, de réfréner leurs mots parce qu’elles ont compris au fond d’elles-mêmes que parler n’est plus, à cet instant, la meilleure chose à faire, le comportement le plus adéquat !

Faire silence ainsi en sacrifiant les mots qu’on veut tellement, ordinairement, faire sortir de nous, est une chose si précieuse !

Une humble abnégation.

Aldor Écrit par :

8 Comments

  1. J’ai terminé Œdipe sur la route il y a à peine une semaine et j’ai été subjuguée par ce livre, tellement beau, et qui réserve une grande place à la création artistique.

    • 19 mars 2017
      Reply

      Je ne l’ai pas encore terminé. Je lis de façon un peu brouillonne…

  2. se taire pour laisser parler le silence. Merci c’était très doux. ar

    • 18 mars 2017
      Reply

      Oui.. Merci…

  3. […] lui a tout donné, qu’il répudie pour les raisons les plus basses et qui s’en va, dans un doux silence, lui laissant une nouvelle fois par amour la chair de sa chair […]

  4. 23 mars 2017
    Reply

    J’ai entendu, il y a très longtemps, le témoignage de quelqu’un qui avait perdu un enfant et qui disait :”Devant la douleur des autres, on se demande souvent quoi dire. Il n’y a rien à dire. Mais être présent, dans le silence, c’est un vrai soutien.”

    • 24 mars 2017
      Reply

      C’est cela, Joëlle. Exactement. Et c’est rare.

  5. […] un Charles Péguy et sans doute bien d’autres ; mais c’est dans la figure d’Antigone servant de guide à son père Oedipe, ou dans celle d’Etty Hillesum réconfortant du mieux qu’elle peut les âmes et les […]

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