Rendre, redonner, donner

On ne peut rendre à quelqu’un que ce que lui appartient de plein droit et sans ambiguïté. C’est pourquoi rendre se prête bien aux objets mais plus difficilement au reste : idées, sentiments, passions ou modalités de l’être, à moins qu’elles n’appartiennent, de façon inaliénable, à la personne à qui elles sont rendues. Ainsi en va-t-il de la liberté. 

Mais pour le reste, revendiquer d’une chose qu’elle vous soit rendue, c’est le plus souvent prétendre, à tort, à une propriété qui n’est que très rarement assise ou imprescriptible – tout simplement parce qu’elle ne saurait l’être. 

C’est pourquoi on ne peut rendre sa confiance,  ou a fortiori son amour, sentiments qui ne peuvent jamais, au vrai, qu’être prêtés, sous conditions, et qui peuvent donc légitimement être repris du jour au lendemain. Les rendre serait denué de sens ou, plus justement, serait forcément déplacé et occasion à malentendu. On ne peut que les re-donner, les donner une nouvelle fois, de façon neuve et printanière, aux personnes qui nous paraissent les mériter. Non parce que cela leur serait dû, non parce qu’elles y auraient un droit inaliénable, non et encore moins parce que les avoir un jour eus les prédisposeraient à en bénéficier une nouvelle fois mais parce que, à cet instant, indépendamment de tout passé et de toute prétention, nonobstant toute allégeance, tout sentiment trouble et mal venu de devoir ou de fidélité,  en toute liberté nous les en jugeons dignes. 

Et à qui sait faire la différence, combien ce qui est redonné est plus précieux que ce qui est rendu !

Tel est ce dont je parle ici.

Aldor Écrit par :

2 Comments

  1. 28 mars 2017
    Reply

    Merci beaucoup, Catherine.

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