Les beautés bouleversantes

Je lisais hier un très beau texte, Le pays du bonheur, écrit par Joséphine Lanesem, et en étais ému.

Or, la beauté et l’émotion ne sont pas toujours réunies ; le plus souvent, elles sont disjointes, jouant dans des registres différents, s’adressant à des sens qui ne sont pas les mêmes : il y a tant de choses qui émeuvent et n’ont pas de beauté, tant de choses belles aussi qui ne nous émeuvent pas !

Telle était la réflexion que je me faisais, ce matin, repensant à l’émotion ressentie hier, et au bouleversement que je ressens parfois à la découverte de certains visages.

C’est le point de départ de cet enregistrement :  distinguer quels sont les choses ou les êtres beaux qui dans le même temps m’émeuvent – ou plus précisément, celles et ceux dont la beauté m’émeut.

La liste sortie de ce premier tour n’est certainement pas exhaustive mais elle est courte : musiques, textes poétiques, femmes. Voilà, à mon sens, les beautés bouleversantes.

Pourquoi cette étrange liste ?

PS : à la réflexion,  je pense que tout cela est mal pensé, insuffisamment réfléchi, trop improvisé – ce qui est la règle de l’exercice. 

J’y reviendrai.

PS2 : inachevé toujours, mais je pense que l’émotion a souvent à voir avec le temps, la perception de l’éphémère et du fugace, de l’irréversible. Une nostalgie par anticipation. Katia me disait quelque chose d’approchant hier, Joséphine aujourd’hui. 

Aldor Écrit par :

16 Comments

  1. Oh merci Aldor ! La pensée est inachevée mais c’est le charme de ce blog, il nous laisse à penser. J’avais un professeur de mathématiques qui finissait toujours la leçon en s’interrompant – au milieu d’un raisonnement ou d’un exercice – car, disait-il, on ne se souvient que de l’inachevé. Il ne développait pas et les élèves s’impatientait un peu – être obscur en mathématiques, ça n’aide pas – mais je le comprenais. Tout ce qui est fini se range tranquillement dans l’esprit et on ne l’ouvre jamais plus.
    Pour la beauté bouleversante, je crois que c’est la vie qui fait la différence. La vie brise les lignes immobiles de la perfection, parfois pour les éparpiller en mille morceaux, parfois pour les recomposer en une harmonie nouvelle et plus profonde : c’est la beauté des visages, mouvante. Encore une pensée trébuchante, je laisse à d’autres le soin de la reprendre.

  2. Cela rejoint votre improvisation sur la perfection. Que la perfection ne permet à l’homme de se reconnaître en elle, elle lui est trop étrangère et le laisse donc froid. (Je caricature un peu).

    • 6 mai 2017
      Reply

      Oui, c’était ça, Joséphine
      Ou à peu près. Je crois en fait que ma conception des choses n’est pas très fixe. Ce qui demeure, c’est l’ennui de la perfection – ou peut être la grande crainte qu’elle produit en moi.

  3. C’est intéressant que vous classiez les musiques plutôt du côté des beautés émouvantes, et les tableaux plutôt du côté du non-bouleversant. Cela signifie peut-être qu’il y a la nécessité du mouvement pour être ému ? Romain Gary a dit je crois que la grâce c’est le mouvement.

    • 6 mai 2017
      Reply

      Bonjour, Marie-Anne,

      Je crois que vous mettez le doigt sur quelque chose de vrai. Et que Romain Gary voyait juste. Je l’écrivais en post-scriptum tandis que vous le rédigiez en commentaire : l’émotion a un rapport au temps – et donc à ce qui le fait transparaître : le mouvement, le changement. Devant l’impérissable, pas d’émotion parce qu’aucun sentiment de goûter à quelque chose qui va s’évanouir…

  4. Tant qu’il y aura des hommes (au sens littéraire du terme) pour s’émouvoir, je crois que le monde a encore de l’avenir. Merci de l’exprimer 🙂

    • 6 mai 2017
      Reply

      Bonjour, Laurence. Oui. Tant qu’on est capable de s’émouvoir, tout n’est pas perdu. Et encore moins quand on sait rendre, et mieux que moi, cette émotion…

  5. notes, très imprécises encore, nées de l’écoute récente d’une improvisation d’Aldor (Les beautés bouleversantes), elle-même inspirée de la lecture d’une ravissante célébration d’un paysage

  6. Oui les émotions bouleversent, nous traversent, fugaces instants et pourtant instant poignants dans leur véracité … Qu’il s’agisse d’une musique, d’un texte, d’un visage (mais il y a de la musique sur un texte, et parfois même un texte sur un visage ) …quand l’on saisit ces instants presque transparents dans leur délicatesse et leur beauté on ne peut que s’en émerveiller …

    • 8 mai 2017
      Reply

      Oui, Catherine. S’émerveiller, encore et encore, de ces instants de grâce…

  7. Je suis soufflée par la profondeur de votre pensée qui se veut précise dans l’improvisation, et encore une fois, par votre voix. Je vous rejoins: il y a les beautés froides, parfaites, léchées, mais qui ne brûlent pas, ou qui nous font nous y sentir extérieurs, étrangers, et les beautés bouleversantes. Peut-être avons-nous chacun des beautés qui nous émeuvent et d’autres non, de façon différente et intime. Votre voix est pour moi une beauté bouleversante.

    • 8 mai 2017
      Reply

      Oh, Clémentine, merci beaucoup de ce mot. Voilà ce qu’on doit à un bon micro !

      Pour le reste, je suis d’accord avec vous. Chacun a ses points sensibles, ses raisons d’être bouleversé. J’essaie d’aler un peu plus loin aujourd’hui, et réessaierai.

      Bonne journée, et merci pour vos si belles explorations.

      • Je viens d’écouter la suivante 🙂 Tant de nuances et nous cherchons avec vous. Quant au micro, s’il est bon, il révèle seulement la voix dans toute sa vérité, et y rajoute peut-être une résonance légère qui la rend plus pénétrante encore. La voix est la musique de la pensée. J’y suis si sensible que je n’écoute que la radio (pas de TV) et que je suis tombée amoureuse de mon mari sans l’avoir jamais vu, en entendant sa voix sur mon répondeur!

        • 8 mai 2017
          Reply

          Ah ! la voix ! Elle peut-être si belle et si envoutante ! Je vous comprends parfaitement.

          J’en joue un peu, sans doute. Mais c’est surtout qu’y passe des choses que l’écrit, quand on ne le maîtrise pas, ne parvient pas un rendre. L’hésitation, qui permet de sortir de la linéarité.

          Merci beaucoup, Clémentine.

          • “L’hésitation, qui permet de sortir de la linéarité.” Exactement.

  8. […] être un élément de plus dans l’exploration de paysages qu’avec Joséphine Lanesem, Aldor et d’autres blogueurs nous avions ébauchée. “La matière du monde est […]

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