Face à l’incivilité

Mon collègue Olivier et moi bavardions hier des incivilités dont on est quotidiennement témoin dans la rue et les autres lieux publics : chaussures sur les banquettes, abandon de déchets sur le trottoir, conversation à voix criante dans le bus ou le train, etc. Et voici qu’un autre ami, sur sa page Facebook, parle également de cette montée des incivilités et de son désarroi.

Il est fréquent que, face à cela – et je parle évidemment aussi pour moi et peut-être d’abord – nous ne fassions rien : nous détournons les yeux, nous nous terrons dans le silence, considérant de façon mensongère que cela n’est pas vraiment notre problème, que nous n’avons pas été directement mis en cause et agressé, que ce n’est d’ailleurs même pas vraiment une agression, qu’il n’y a donc pas lieu de réagir, ou que du moins, ce n’est pas à nous de le faire. Et peu à peu, la mauvaise conscience et le ressentiment à notre propre égard grandissent en nous car nous savons bien que ces pensées rassurantes sont de faux-fuyants, des excuses grossières tout juste faites pour habiller – maladroitement – notre lâcheté.

Et pourtant, il faut réagir ; je ne pense pas qu’on puisse un seul instant, au fond, penser le contraire. Ces façons de faire, même quand elles ne sont pas directement agressives, entretiennent le malaise ambiant et une sorte de déliquescence du vivre-ensemble. Et notre propension à ne pas réagir, à laisser-faire, à nous comporter comme si nous nous en fichions vient saper de façon radicale les bases de la communauté et le lien social.

Il faut agir contre l’incivilité, mais comment ? Par l’exemple, certainement, qui est le premier moyen et le meilleur dans la durée. Mais c’est sur le moment, aussi, qu’il faut agir. En intervenant, en prenant la parole, en s’adressant directement à cette personne dont le comportement dérange. Il faut le faire avec gentillesse, sourire et bienveillance. Mais, même ainsi, il faut pour cela du courage. De ce courage qui – m’avait fait observer l’aimée, qui s’y connait – n’est pas un don mais le résultat d’un effort et d’un travail sur soi.

Tel est l’objet de cet enregistrement.

Aldor Écrit par :

6 Comments

  1. La gentillesse et la bienveillance, comme seules armes pour entrer véritablement en communication…. Bien sûr, je partage absolument votre point de vue. J’en fait l’expérience chaque jour avec les élèves, avec mes enfants. Mais avec eux, c’est facile, parce que je n’ai pas peur. Et j’avoue, que très lâche, devant le caractère imprévisible et démesuré des réactions de certains inconnus, j’ai souvent peur que toute ma bienveillance, que toute ma gentillesse soit envoyée dans les cordes, piétinée. Et parfois, j’ai aussi, tout simplement peur pour moi. C’est très lâche, et j’aimerais avoir le courage et la sagesse de Katia, que j’admire. Mais pour l’instant, je ne l’ai pas. Votre improvisation m’aide à entrer dans ce travail sur ma propre peur. Merci Aldor.

    • 24 mai 2017
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      Merci, Clémentine. Vous aurez compris que je suis complètement comme vous. J’ai bien conscience de mon manque de courage physique. C’est Katia qui m’en a fait prendre conscience. Et c’est précieux d’avoir un exemple.

  2. 27 mai 2017
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    Très inspirant tout cela. Pour l’avoir fait à qqs reprises, je remarque que les personnes interpellées réagissent généralement bien, avec des joues rouges, comme des enfants pris en faute. L’important, c’est peut-être de se rappeler que nous aussi, pourrions être pris en faute? Bonne journée!!

    • 27 mai 2017
      Reply

      C’est une jolie remarque.

  3. 31 mai 2017
    Reply

    Il m’arrive de réagir mais je me retiens souvent 1) par peur d’envenimer les choses: il faut quand même un certain art pour s’adresser à des gens parfois agressifs et 2) pour ne pas “jouer à la prof” que j’ai été… Ma réaction dépend aussi du lieu et de la taille de l’incivil !

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