Pétrichor


 

C’était samedi après-midi, dans la rue, avec les enfants.

Quelques gouttes sont tombées, lors d’une de ces si agréables et si bizarres giboulées d’octobre ; et presque immédiatement, l’odeur est montée du sol : une odeur mélangée de terre, d’humus, d’asphalte, de goudron, qui, lorsqu’elle vient de la terre, s’appelle le pétrichor, comme me l’a appris Cloudy.

Nous nous sommes immédiatement souvenus avec les enfants de ce que la dernière fois que nous avions discuté de cette odeur, c’était en descendant les pentes du Ngorongoro sur lesquelles une averse nous avait surpris, faisant jaillir de la chaussée cette odeur puissante. Et nous avions découvert qu’à des milliers de kilomètres de Paris, l’odeur était la même, exactement la même.

L’odorat a cet extraordinaire pouvoir – Marcel Proust, bien avant et bien mieux que moi l’a dit – de nous balader à travers le temps. Mais il nous balade également à travers l’espace, nous rendant familiers les lieux les plus inconnus parce que les mêmes parfums, les mêmes odeurs en surgissent. Il est comme cette coquille que les escargots baladent sur leur dos, et qui fait du monde leur maison.

Cette odeur d’après la pluie, je l’aime. Elle est l’odeur des arcs -en-ciels et celle des renaissances qui suivent les déluges. Elle est l’odeur joyeuse des renouveaux et des printemps de tous les jours.  Et quand on la sent, qu’on peut l’aspirer à pleines narines, à pleins poumons, le bonheur de vivre vous saisit.

Aldor Écrit par :

10 Comments

  1. 23 octobre 2017
    Reply

    L’impression heureuse de ne jamais être en terre étrangère.

    • 25 octobre 2017
      Reply

      Oui. D’être partout un peu chez soi.

  2. 23 octobre 2017
    Reply

    J’ai souvent essayé de décrire cette sensation d’après les premières averses de l’automne sans succès. Voilà que non seulement tu as su la définir mais tu lui donne un nom que je découvre. Merci Aldor

    • 25 octobre 2017
      Reply

      Oh ! Ma science est toute neuve. La veille, ce mot m’était inconnu…

  3. 23 octobre 2017
    Reply

    Comme j’aime ces précieux moments de reconnexion ! Belle semaine : )

    • 25 octobre 2017
      Reply

      Merci, Loufox. Oui: se reconnecter à la terre et aux elements est bien agréable…

  4. Oh, moi aussi ,je l’aime cette odeur. Elle est gourmande et vive. Comme tu le dis: elle est l’assurance heureuse que l’on vit. Un cadeau du cœur chaud de la terre. Et c’est vrai, c’est l’odeur de l’arc-en-ciel! Merci Aldor! Rien qu’à t’entendre, je suis saisie de joie!

    • 25 octobre 2017
      Reply

      Oh! Clémentine ! Que c’est gentil ce que tu me dis là ! Et que ton expression est juste : le coeur chaud de terre, qu’on sent, à ces moments, vivre d’une vie animale.

  5. 24 octobre 2017
    Reply

    Certains parfums ont ce pouvoir de nous transporter, de nous exciter…presque comme des phéromones.
    ¸¸.•*¨*• ☆

    • 25 octobre 2017
      Reply

      Tu as raison, Célestine à l’étoile blanche : les phéronomes. L’odorat est très instinctif. Il est le sens maître des pulsions et de notre vie animale.

      Te souviens-tu de ce film “un poisson nommé Wanda” dans lequel un des personnages (pas l’héroïne Jamie Lee Curtis) ne cessait de respirer ses aisselles?

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.