Et toi, que veux-tu faire, plus tard ?


 

Et toi, qu’est-ce que tu veux faire, plus tard ?” – demandait-on l’autre jour à mes enfants, qui, évidemment, ne savaient quoi répondre.

La question m’aurait-elle été posée, je serais également resté muet. Qu’est-ce que je veux faire plus tard ? Je n’en sais rien. Il y a plein de choses que je voudrais faire demain. Et m’en demander d’en choisir une, de réduire la diversité à une unité, c’est demander l’impossible.

D’autant plus que, le plus souvent, derrière la question du Faire se profile, insidieusement, celle de l’Etre, qui transparaît dans la suite de la conversation et dans les avis qui, à peine la question laissée sans réponse, fusent sans que rien n’ait pourtant été demandé : “Ah !  mais je te verrai bien être ceci ! ” ou “Ah ! j’ai toujours pensé que tu serais cela !“. Et voici la nudité de l’enfance revêtue de force d’un uniforme ou d’une armure collante.

Qu’il faille, un jour, quitter (provisoirement) l’école pour gagner sa vie, peut-être est-ce une nécessité (cela le sera-t-il d’ailleurs toujours ? ça n’est pas certain) et c’est d’ailleurs très bien. Mais qu’on nous demande de considérer cette profession comme l’horizon de nos désirs et, a fortiori comme une définition de notre être, quel gâchis ! quelle réduction !

Il y a tant de choses passionnantes à faire dans cette vie pas si longue et si peu qui ne le soient pas pour autant qu’on prenne la peine de se pencher sur elles avec attention. Et puis il y a tant de choses qui, chaque jour, jaillissent du temps qui surgit et qu’on ne saurait, à l’avance, prévoir. Et il faudrait, malgré tout cela, avec tout cela, savoir dire aujourd’hui la chose qu’on veut et vers laquelle, de toutes nos forces, il faudrait s’engager ? Quelle étrange conception !

Je ne sais pas ce que je veux faire plus tard. Plein de choses ! Que je n’aurai aucun regret de ne pas avoir faites si je ne les fais pas car j’aurais fait mille autres choses.

 

Aldor Écrit par :

11 Comments

  1. 3 janvier 2018
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    C’est une question pas facile même jusqu’à l’adolescence car ça impact toute UNE vie. D’ailleurs, à l’heure actuelle, il y a combien de jeunes qui rebondissent sur une autre formation. BELLE journée

    • 9 janvier 2018
      Reply

      Oui, Cat, tu as raison. Et il ne suffit effectivement pas de dire “On donne trop de poids à ça” pour résoudre l’anxiété de ceux dont on exige une réponse…

  2. 3 janvier 2018
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    Y a-t’il seulement quelque chose que je VEUILLE faire ? J’en vois bien qui me tentent. Quant à m’investir dans le vouloir, j’y perdrais sûrement un bout de moi-même. Merci bien, Aldor, pour ce touillage de neurones.

  3. 3 janvier 2018
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    C’est bien simple, à 23 ans je ne sais toujours pas ce que je veux faire. Je sais déjà un peu mieux ce que je ne veux pas faire, précisément.
    Sinon je suis assez clair sur toutes les choses qui me donnent envie, mais où me focaliser ? On verra bien…Probablement au croisement de toutes.

    Belle conclusion, très juste.

    • 9 janvier 2018
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      Oh… 23 ans… Il peut arriver que, même un peu plus tard, la question reste une question… 🙂

    • 9 janvier 2018
      Reply

      Oh… il arrive même parfois que la question reste d’actualité bien des années après 23 ans… Et il n’y a pas forcément à s’en lamenter.
      🙂

  4. 4 janvier 2018
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    Cette question, qui fait malheureusement partie du panel de questions bateau que l’on aime bien poser aux enfants, est très révélatrice de la place qu’a le travail dans la société : il définit qui l’on est.
    Il faut savoir *être* en dehors de sa profession… ce qui reste un problème pour beaucoup de gens, pour toutes sortes de raisons.

    • 9 janvier 2018
      Reply

      Je suis tout d’accord avec toi, Cléa.

  5. 4 janvier 2018
    Reply

    Aye!
    There is no way
    We can do them all 🙂

  6. 29 janvier 2018
    Reply

    Au vu de l’évolution rapide de nos sociétés, cette question n’a plus de sens: on y attend une réponse unique alors qu’elle a de fortes chances d’être multiple. Cela peut être angoissant mais être aussi considéré comme une chance. Et l’angoisse peut se réveiller quand on atteint la retraite: ce n’est pas mon cas, grâce à mon temps plus libre j’ai pu enfin apprendre à jouer du piano, par exemple, mais c’est celui de ma Moitié, qui a pourtant bien mérité de prendre une pause: « Que vais-je faire maintenant? » est devenue La Question existentielle.

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