Le genre des qualités


 

Discussions, ces jours derniers, avec Nadia notamment (Osmoaku), sur le sexe et le genre des qualités : y a-t-il des qualités qui seraient plutôt féminines et d’autres qui seraient plutôt masculines ou bien tout cela, aussi ancré que cela soit dans nos esprits et nos comportement, ne serait-il que du vent ?

Je partais clairement de la première position. Dans mon esprit, il y avait des qualités nettement plus féminines que masculines, ainsi la douceur, ce qui ne signifiait ni que cette douceur se trouvât en chaque femme ou absente en tout homme, ni – bien sûr – que la perception de cette différence soit en quoi que ce soit synonyme de croyance en une inégalité entre hommes et femmes.

A cela, on m’avait opposé de grands auteurs : Pierre Bourdieu, Françoise Lhéritier, qui déclarent qu’il n’y a ici que constructions sociales, représentations culturelles, et que, même si hommes et femmes sont physiquement et physiologiquement différents, cette différence n’a aucune conséquence sur le comportement, la psychologie, la façon d’aborder les choses et d’avancer dans le monde.

J’étais quelque peu irrité de cette manière de nier ce qui me paraissait être l’évidence, y voyant l’indice de je-ne-sais quelle langue de bois, l’avatar d’une vision politiquement correcte mais radicalement fausse d’envisager les choses, quand je me suis rendu compte que c’était ma propre manière de vouloir absolument répartir telle ou telle qualité entre hommes et femmes, cette volonté de sérier et de classer, de regrouper et de catégoriser, qui était peut-être le signe d’une conception faussée et simplificatrice.

Que la douceur, en effet, pour reprendre le même exemple, soit, fruit de l’histoire et de longues traditions dans nos contrées, plus présente chez les femmes que chez les hommes, est une chose ; de là à prétendre qu’elle le soit de façon intrinsèque et parce que les femmes y seraient prédisposées, les hommes étant, quant à eux, prédisposés à la grossièreté et à la barbarie, en est une autre, qui ne découle pas forcément de la première.

Il est plus facile, certainement, de penser la douceur et la barbarie en les attribuant à un sexe ou à l’autre. Mais ce qui m’est apparu ce matin est que la facilité est peut-être ici, comme souvent, mauvaise conseillère parce qu’elle interdit de saisir à pleines mains et à plein esprit l’épaisseur, la complexité, l’inextricabilité des choses, qui sont pourtant la vérité du monde et peut-être le cachet de son authenticité : il est plus difficile de comprendre la douceur, disséminée on ne sait comment entre des êtres de tous sexes, plus difficile aussi de comprendre la grâce, ou la cruauté, la bonté ou la grossièreté, quand on les voit telles qu’elles sont, présentes ici et là, absentes çà et là, que de les ranger, par facilité, dans les catégories simples que sont les genres et les les sexes. Mais la vérité est là, et c’est ainsi que le monde est.

Tel est l’objet de cet enregistrement.

 

 

 

Aldor Écrit par :

5 Comments

  1. 22 janvier 2018
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    Comme tout cela est juste… Bonne soirée à vous.

  2. 23 janvier 2018
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    Ah ben j’aurais du écouter ça avant de te souler tout à l’heure ahah ! je ne pensais pas te convaincre mais en même temps Bourdieu et L’héritier sont tellement convaincants…

  3. 23 janvier 2018
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    Au-delà de ce que tu as déjà souligné, il me semble que notre éducation judéo-chrétienne nous as appris, formatés à penser que les hommes ont certaines qualités ( force, raisonnement …) et que les femmes en ont d’autres ( douceur, sensibilité …). Et pourtant je suis convaincue qu’il y a en chacun de nous du “masculin” et du “féminin” pour reprendre ses schémas. J’ai toujours été frappée de constater que mon père avait des qualités dites féminines et qu’à l’inverse ma mère avait des qualités dites masculines. Pourtant ils étaient complémentaires et ont vécu ensemble heureux plus de 60 ans !

  4. 24 janvier 2018
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    Tout est dit, et bien dit, sur ce sujet, par tes commentatrices.
    Je crois que les formatages religieux (et pas seulement judeo chrétiens, mais quasiment universellement) ont toujours décrété la domination masculine, et partant, cultivé chez les hommes la force, la grossièreté, la barbarie, et chez les femme la soumission, la douceur, la faiblesse…
    Et je ne pense pas que ce classement ait été fait pas “facilité” mais davantage par intérêt.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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