Au salon des artistes français


Je suis allé hier au Salon des artistes français, où expose mon oncle, Michel Averseng, dont j’ai déjà parlé.

Louis de Broglie, par Michel Averseng

Et comme à chaque fois que je vais dans ce salon, je sors étonné – et disons le vrai mot : bouleversé – par la diversité des œuvres qui s’y exposent.

Ce n’est pas du tout que je les aime toutes – il s’en faut de beaucoup ! – mais préférences et dégoûts (je ne connais pas de véritable antonyme à préférence) pèsent peu par rapport à l’émerveillement que suscite cette diversité d’inspirations, de techniques, de sensibilités, de tonalités : c’est le même sentiment, le même vertige que celui qui m’étreignait lorsque, étudiant, je passais de longues journées à la Bibliothèque nationale et feuilletais de temps à autres le catalogue, dont la numérisation et la mise en base se données accessible par écran commençait juste alors : dans quel abîme de connaissances et de curiosités n’était-on pas plongé à la lecture de tous ces sujets de livres, de tous ces sujets de thèses, de toutes ces réflexions menées sur les questions les plus extraordinaires et les plus sibyllines, sur les thèmes les plus abscons et les plus incroyables !

Il y a là des mondes, une infinité de mondes, de perceptions et de représentations du monde, qui jaillissent dans les œuvres disparates, les plus singulières, les plus étrangères les unes aux autres, rassemblées sous cette grande verrière.

 Et l’on se dit, à ce spectacle plein de couleurs et d’idées, à cet immense capharnaüm qui n’a ni queue, ni tête, qui part dans tous les sens et toutes les dimensions, qu’une richesse incroyable s’exprime en ce lieu et en cette occasion, qui fait percevoir et toucher du doigt que chaque être, que chaque homme, que chaque enfant, porte en lui tout un monde, et peut-être même toute une diversité de mondes.

Aussi faibles, fragiles, limités dans notre vie et nos moyens, pauvres de force et d’intelligence, que nous soyons, nous sommes, chacun, porteur d’un monde infini et peut-être éternel.

“C’est Mozart qu’on assassine” écrivait Antoine de Saint-Exupéry à la fin de Terre des hommes, parlant des femmes, des hommes et surtout des enfants que les cahots de l’histoire poussaient dans le chaos du temps.

C’est ce que j’ai ressenti hier, en déambulant dans les allées du salon : en chacun d’entre nous gît un monde qui ne demande qu’à naître. Encore faut-il lui en laisser le temps et le loisir, lui permettre d’advenir et d’éclore.

Et c’est aussi pour ça que, en ce jour d’amour et de Saint-Valentin, doivent être défendus ceux qui – Ô scandale ! – sont jugés pour avoir aidé des migrants.

Aldor Écrit par :

3 Comments

  1. 14 février 2018
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    J’y étais de 15h à 17h, invitée par une amie qui expose chez les indépendants. Un gros bazar de l’”art”. Peu d’émotion (si peu d’oeuvres intéressantes noyées dans la masse). Beaucoup d’ennui. Une question : pourquoi cette exposition qui ne rend certainement pas hommage au travail des exposants (du mal à dire “artistes”) ? 300 euros pour exposer. Droit d’entrée élevé pour ceux qui paieront. Heureusement ravie de rencontrer mon amie (dont j’adore les oeuvres) et d’autres personnes. Ce n’est pas la première fois que je vais à Art Capital, je crois que ce sera vraiment la dernière.

    • 14 février 2018
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      J’y suis allé bien après, dans la nuit.

      C’est vrai que c’est le bazar et qu’il y a plein de choses que je n’aime pas (plus encore chez les Indépendants que chez les Artistes). Il n’empêche : la diversité des oeuvres (et derrière : des esprits et des sensibilités) est magnifique.

      • 14 février 2018
        Reply

        Je ne doute pas de ce qu’il y a derrière. C’est juste que j’ai besoin de magie, quelque chose qui me fait vibrer dans une exposition. Et là, je suis restée en manque. Pas de surprise. Année après année, c’est toujours pareil.

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