Petits chatons et musiques légères


Nous regardions hier, avec les enfants, le début de La La Land, et nous nous laissions entraîner par la musique joyeuse, légère, entraînante, qu’on entend au début puis qui revient, à plusieurs reprises, comme un refrain. Et nous chantonnions, battions des pieds, épanouis à l’écoute de cette mélodie.

Je pensais à ce qu’écrit quelque part Guizot, ce protestant qu’aime l’aimée, à propos de Polyeucte : les plaisirs qui élèvent l’âme – dit-il – valent bien mieux que les autres (ou quelque chose d’approchant).

Peut-être ces plaisirs valent-ils mieux que d’autres mais ils ne sont pas les seuls. Il y a aussi, dans les plaisirs tout simples, corporels, émotionnels, que nous offrent les musiques légères, le sport, le soleil, le chant, le jeu ou le visionnage de chatons dormant sur Facebook, une vertu profonde et cathartique : renouer avec cette part de nous-mêmes dont l’encombrement de nos vies par les objets et les institutions nous sépare, reprendre contact avec notre nature animale, retrouver notre statut de créature et jouir simplement du bonheur de la vie.

Le plaisir de vivre. La joie simple de se sentir chez soi au monde, de se sentir vivant, palpitant et désirant, frère de la baleine qui saute, de la marmotte faisant la planche, du chien jouant dans la neige. Toutes ces images et ces comportements naïfs et cuculs dont nous nous coupons trop souvent avec l’usure du temps, la peur ou l’avarice du coeur, et qui sont pourtant ce qui nous relie à l’intimité du monde et à la vivacité de la vie. Ah ! Savoir s’extraire de la sécheresse et de l’hubris, de l’orgueil et de la prétention pour pleurer et rire à nouveau des choses simples et humbles, pour s’émouvoir de ce qui est mignon et tendre, pour épouser les choses proches et touchantes, se plonger dans la familiarité chaleureuse et charnelle du monde. Aimer. Aimer, rire et chanter non pour se divertir et fuir le monde mais pour s’y rattacher de façon plus étroite, pour faire – refaire – un avec lui !

Aldor Écrit par :

20 Comments

  1. 27 novembre 2018
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    Et c’est si nécessaire aujourd’hui.

    • 6 décembre 2018
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      Oh, je pense que c’est nécessaire tout le temps mais qu’il y a des modes de vie qui facilitent cela.

      • 6 décembre 2018
        Reply

        Tout à fait.

  2. 27 novembre 2018
    Reply

    Oui, il y a de l’écho aussi par chez moi !
    😉

    • 6 décembre 2018
      Reply

      Ça résonne !

  3. Comme tu le soulignes “nous relier à l’intimité du monde” ! C’est tout à fait ça. Merci pour ce texte si vrai et qui résonne profondément chez moi 🙂

    • 6 décembre 2018
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      Merci Dom. Je crois effectivement qu’on ressent tous ça mais qu’on n’arrive pas toujours à l’identifier. Et quand on y arrive, on est content.

    • 6 décembre 2018
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      C’est gentil, Laurence.

  4. 29 novembre 2018
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    ouiiiii! et bien sûr j’ai adoré la la land à sa sortie en salle! et ‘pour moi’, si bien sûr que si, ça élève l’âme………et ça m’emporte vers le divin 🙂 merci pour ce moment réjouissant, bernard, merci!

    • 6 décembre 2018
      Reply

      Bonjour Maly. Tu crois ? Élever l’âme ?

      • 6 décembre 2018
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        oui, bernard, ce que je ressens c’est que l’âme a grand besoin de la joie pour rayonner …..c’est sa nourriture <3

        • 6 décembre 2018
          Reply

          Ah ! Oui. Comme je suis d’accord avec toi après avoir longtemps (il y a longtemps) dédaigné cela.

          La joie, le bonheur sont nécessaires. Rien ne peut se faire sans eux.

          C’est ce que je crois au moins. Mais peut-être au-je tort.

          • 6 décembre 2018

            je ne pense pas (je ne crois) qu’il y ait de tort à croire cela 🙂

  5. celestine
    29 novembre 2018
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    Hymne à la vie, comme j’aime ces paillettes étincelantes que tu distilles dans tes mots…
    ¸¸.•¨• 🦋

    • 6 décembre 2018
      Reply

      Bonjour Célestine, tu sais bien que je ne fais que mettre le doigt (la voix ?) sur des paillettes qui étaient là. Mais ça fait tellement plaisir, effectivement, de découvrir ce genre de choses, y compris lorsque elles étaient sous nos yeux depuis toujours !

  6. J’avoue mon petit faible pour les comédies musicales cinématographiques : rien de tel que les mouvements de la caméra et des corps pour ressentir spontanément, du corps à l’esprit, un coup de peps et de joie de vivre !

    • 6 décembre 2018
      Reply

      Oui. Jouir du bonheur de vivre.

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