L’autre est autre : il n’est pas ce qu’on attendait, il n’est pas ce qu’on espérait, et pourtant on l’aime. Et l’amour est l’acceptation de cela. Non seulement de l’altérité de l’autre mais du fait qu’il ne colle pas à nos schémas et que pourtant nous l’aimons. Que nous l’aimons par son altérité, dans son altérité, et en partie au moins pour son altérité.
C’est ce que ne fait pas Narcisse qui veut absolument se retrouver en l’autre, qui veut, avant d’aimer, que l’autre soit lui-même, qui met l’amour sous condition.
Alceste aime. Il aime mal mais il aime. Car rien n’est plus contraire à lui que Célimène et il accepte pourtant cet amour qui est un déchirement.
Accepter sans condition préalable. Piétiner son ego dans la joie et l’insouciance parce que c’est l’autre qu’on aime. Un vrai autre. Pas un autre tout bien fait comme nous l’aurions voulu mais un autre autre, comme ce bébé dont parle le chat du pasteur, et qui ressemble à tout sauf à un dieu. Comment peut-on ne pas comprendre que là est justement, s’il en était besoin, la vertu de l’amour ?
Aimer la diffèrence dans l’autre pour mieux se compléter … que oui! Mais lorsqu’il existe un abime, c’est difficile !
…Mais je parle des gens qui s’aiment et qui sont donc, d’une certaine façon, intuitive peut-être, proches. Un point de proximité existe déjà, comme le grain de la perle.
Narcisse est un chasseur qui n’a rien demandé à personne et qui se trouve tout à fait bien tout seul. Il aime la nature et ses copains. Alors, sûr que quand Écho et ses copines décident de lui mettre la main dessus, au sens propre, on sait que cela va mal finir et pour l’un et pour l’autre. C’est l’indifférence et la vengeance qui abattent Narcisse.
Ouh la la…, il faut que je reprenne ma mythologie pour revoir tout ça…
L’altérité n’est pas incompatible avec la proximité.
Il existe des appartenances qu’on ne peut expliquer, des liens qui transcendent les ressemblances. C’est notre liberté personnelle d’accueillir ou pas cette complémentarité. Je pense que c’est cela l’amour… enfin j’espère 🙂
C’est exactement ce que je voulais dire dans ma réponse à Cat, Dom. Pour aimer, il faut certainement une proximité. Mais proximité ne signifie pas identité. Quelque chose accroche certainement mais on peut être si différents par plein d’autres choses. Et cette différence est, comme tu le dis, transcendée – si on l’accepte et qu’on n’est pas envahi par la peur, bien sûr.
Nous sommes d’accord ! Et je trouve que c’est encore plus beau et fort que la “ressemblance” qui n’est souvent qu’illusoire et, je dois l’avouer, un peu flippante 🙂
Excellent article Aldor. Je suis tout à fait d’accord avec toi 😊
Merci Catherine. D’autres pensent différemment. Le pensent-ils seulement ou le ressentent-ils différemment ?
Ce n’est pas je crois qu’ils pensent ou ressentent différemment. Certaines personnes ne voient en l’autre que le miroir de leurs peurs et de leurs blessures et ne peuvent pas voir l’autre différemment que sous ce prisme déformant. Toi, tu as acquis une sagesse et une générosité de coeur qui te fais accepter l’autre sans conditions.
Oh non ! Je ne crois pas du tout ! Et ce n’est pas fausse modestie.
Peu de personnes en sont capable … 😊