L’avocat du diable et la voix de la conscience


Il y a, dans les deux cas, quelque chose en nous qui regimbe, une petite voix qui proteste. Mais parfois, c’est la conscience ; et parfois c’est le diable, ou du moins cette chose qu’on désigne ainsi dans l’expression « Se faire l’avocat du diable ».

Les deux voix se ressemblent et nous parlent dans les mêmes occasions : une idée nous a été présentée, une proposition nous a été faite, nous nous apprêtons à agir ou à prendre position et à cet instant une partie de nous-même rechigne, proteste et murmure ; et selon l’intention portée par ce murmure, c’est la conscience ou le diable qui nous parle.

Entre les deux, la différence est subtile, et c’est pourquoi il est fréquent de les confondre. Mais une différence existe pourtant : différence d’intention et, plus facile peut-être à reconnaître, différence de sens – de sens au sens du sens des flèches : la voix de la conscience vise à exprimer ce que nous-mêmes, au fond de nous, ressentons et pensons ; elle est l’expression de notre être. La voix du diable, quant à elle, suit une cheminement presque contraire ; elle vise essentiellement à marquer notre dissonance, notre différence, notre capacité à sortir du lot.

Il y a, entre la voix de la conscience et celle du diable, la même différence radicale qu’entre l’originalité et l’excentricité : la voix de la conscience dit notre originalité et se fiche d’être singulière ou non ; la voix du diable ne cherche qu’à souligner l’individualité et l’ego de qui en est le porteur. C’est d’ailleurs en cela qu’elle est la voix du diable, de ce diable qui n’est autre que cet immense désir que nous portons en nous et qu’il nous faut chaque jour refréner, désir non pas de nous exprimer mais de nous distinguer, non pas d’être mais de montrer que nous sommes.

Aldor Écrit par :

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