Rediffusion

Elle est étrange, cette propension que nous avons à vouloir diffuser de l’information déjà diffusée, et à le vouloir avec une telle force que nous sommes prêts à le faire sans préalablement vérifier son authenticité, sa véracité ou l’honnêteté intellectuelle de la source, si bien que ce sont finalement des informations fausses et des mensonges que nous propageons et renforçons parfois, suscitant toujours plus de tensions et de mal-être.

Et même quand l’information est juste, quel est ce besoin qui nous titille de rediffuser des choses qui ont déjà été dites et redites par les journaux, les radios, les télévisions ? Pensons-nous que le monde nous attend pour savoir ce qui est déjà su ?

Il y a, dans cette tentation de rediffuser de l’information déjà diffusée (et non pas celle, évidemment, dont nous sommes les témoins directs et la source primaire), une avidité du scoop, du “Je suis le premier“, qui a certainement des racines malsaine, et qui se double souvent d’une position un peu équivoque où le chevalier blanc se mêle à Ponce Pilate : je dévoile la vérité, prétendument cachée, mais je m’en lave les mains car je ne fais que rediffuser.

Et c’est ainsi, c’est aussi ainsi, que se répandent l’erreur, le mensonge, le dénigrement, que se propagent les informations fausses et haineuses, aidés par cette facilité que nous offrent les réseaux sociaux de pouvoir a posteriori supprimer un post, et de nous acheter ainsi une virginité nouvelle.