Libérée ! Protégée !…


Géraldine Mosna-Savoye, observant le monde bizarre dans lequel ce demi-confinement nous plonge, se demandait l’autre jour à quel moment il fallait s’inquiéter pour notre liberté.

Face à des mesures contraignantes comme celles que nous connaissons, on se dit évidemment que notre liberté n’est pas menacée puisqu’il ne s’agit que de mesures provisoires visant à nous protéger, nous et les autres. Et puis on se dit aussi que la vraie liberté n’est pas là mais qu’elle est plutôt intérieure, dans le fait de pouvoir penser librement et sans règles.

Mais ces deux approches ne sont pas absolues. Je veux dire qu’on ne peut pas les suivre indéfiniment :

Oui, la liberté est d’abord intérieure. Mais aussi libre intérieurement soient-ils, le prisonnier, l’esclave ou la personne soumise à la censure ne sont pas tout à fait libres quand même : il n’est pas vraiment libre, celui qui ne peut se déplacer ou s’exprimer librement.

Et oui, bien sûr, la liberté n’est pas menacée par des interdictions provisoires visant à nous protéger collectivement. Mais là encore, c’est un peu plus compliqué :

  • D’abord, s’il est légitime de tenir compte de l’intention qui guide les décisions ; et même de ne tenir compte que d’elle : c’est l’intention qui compte, comme on dit très justement ; on ne peut pas être toujours sûr de l’intention qui motive les décisions. Et puis est-il vraiment légitime de considérer que ne seraient vraiment attentatoires aux libertés les décisions visant précisément à y attenter ? C’est un peu restrictif.
  • Ensuite, l’argument de la protection est lui-même délicat, même quand il s’agit, comme c’est le cas ici, de protéger le collectif et non nous-mêmes (ce pourquoi l’argument de l’infantilisation est un peu à côté de la plaque). Car le fait est que, dans nos sociétés hautement socialisées, tous nos comportements individuels ont en définitive un impact social qui peut justifier un certain degré de contrôle social. C’est la vie en société qui veut ça. Et il faut donc probablement que la société accepte de relâcher un peu l’étreinte qu’elle pourrait légitimement revendiquer pour permettre à la liberté individuelle de s’exprimer.


On est évidemment très loin d’avoir atteint cette limite. Encore que : cela dépend probablement pour partie de la sensibilité de chacun.

Qu’importe.  C’est sur le principe que je m’interrogeais.

Aldor Écrit par :

Un commentaire

  1. 19 novembre 2020
    Reply

    L’intention est une chose, mais généralement, ce qui pêche c’est la mise en pratique. Nous avons la mauvaise habitude de légiférer sans prévoir de faire en sorte que la loi soit réellement appliquée, sans contrôler son efficacité et sans prévoir de faire systématiquement du retour d’expérience pour procéder aux réglages fins.

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