Last updated on 22 octobre 2024
N’étant ni informaticien, ni médecin, ni cybernéticien, ni psychologue, je me dois de préciser, en préambule, que c’est du fond de ma totale méconnaissance des deux sujets figurant dans le titre que je m’exprime aujourd’hui.
Cela ayant été dit et posé, je poursuis (et donc commence).
Je suis frappé par le hiatus existant entre la capacité des IA générative à produire, quand elles sont bien promptées, des images riches, fascinantes et finalement inattendues, leur talent pour jouer à des jeux très élaborés (mais qui, aussi complexes soient-ils, disposent d’un corpus de règles connu et fini), et leur incapacité à tenir la distance, je veux dire à construire des scénarios, des histoires ou même des chansons qui aient un peu d’allure. Si les images créées par DALL-E ou Midjourney sont souvent extraordinaires et, j’insiste, surprenantes, les textes des Gpéteurs et Gpéteuses qu’on trouve désormais à foison sur les réseaux sociaux sont presque toujours pénibles et ennuyeux, et si l’on peut se laisser prendre une fois, dès la deuxième on reconnait à quoi l’on a affaire.
C’est comme si l’intelligence artificielle était douée, voire très douée, en matière de créativité locale, d’instruction approfondie d’une consigne ou d’un jeu de consignes donné, mais très démunie dès lors qu’il s’agit d’élargir le champ, de voir plus loin et plus divers, d’ajouter des dimensions et de l’épaisseur, du lien, de l’inédit.
Ce comportement me fait penser à ces personnes (j’en connais une comme ça) qui sont souvent très intelligentes, très calées, très remarquables dans leur ou leurs domaines de compétence, qui ont une étonnante capacite de concentration, de mobilisation de leur esprit sur un sujet particulier, qui jouent parfois (et c’est sans doute lié) remarquablement aux échecs, mais que la compagnie de leurs semblables, le bruit, la fureur, le désordre qui prévalent habituellement dans la vie quotidienne et les relations entre humains paniquent et rendent comme impuissantes.
C’est comme si elles avaient besoin, pour ne pas vivre dans l’angoisse, de ces routines et algorithmes qui font fonctionner les IA génératives, qui sont merveilleusement capables de rendre et transcrire une pensée, une vision, d’explorer toutes les possibilités ouvertes par un ensemble exhaustif de règles mais qui, pour le moment, semblent perdre leurs moyens lorsqu’il s’agit d’embrasser plus large, de se déployer dans des champs non contigus, de s’envoler sur les ailes de la métaphore ou de l’analogie. Quand on demande à l’IA de sortir des chemins qu’elle a déjà battus et rebattus, elle dérape immédiatement, et ne sait plus que produire un gloubi-boulga sirupeux, une sorte de mélasse écœurante qui juxtapose des informations jusqu’à plus soif mais ne conduit à rien.
Les IA étant des créations humaines, notre connaissance, notre compréhension peut-être, de certains comportements psychologiques serait éclairé et gagnerait sans doute à leur étude.
Le site ZeroGPT permet de tester les textes pour vérifier s’ils ont été rédigés par une IA ou par un être humain :
https://zerogpt.net/fr
Et pour infirmer quelque peu mon propos, voici (Merci a Denis Sammartino) un groupe de musique, une musique, un clip entièrement créés par IA :
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J’ose une explication : le graphisme est direct, pratique alors que l’écrit est conceptuel. Je peux comparer des milliers de photos et reconnaître un chat. Je peux comparer des milliers de textes et reconnaître Perec. Je peux dessiner un chat mais je ne pourrai jamais écrire comme Perec.
Une belle journée à toi, Aldor.
Peut-être est-ce cela, Gilles, mais peut-être pas. Je présume qu’il est possible de dessiner et d’écrire comme, de faire dans maniérisme, et que la difficulté est plutot de s’en détacher, ce que les IA à images me semblent mieux faire que les IA à textes.
Merci pour tes lectures Aldor, j’adore. Je t’ai rencontré par le biais de la servitude volontaire et je me permet de te signaler que pour te remercier par courrier je n’ai trouvé que cet endroit pour écrire. Il serait bien que l’on puisse trouver dans contact un formulaire de correspondance. Cordialement
Vincent Lucas