Il y a le trait épais,
Idéogrammatique,
Des sourcils :
Ce long pinceau, cet arc sombre,
Dont le plus léger mouvement,
Le plus délicat froncement,
Change le sens des choses :
C’était le jour et c’est la nuit ;
C’était la mort,
Maintenant c’est la vie.
Il y a la bouche et la douceur des lèvres,
La bouche et la rondeur des lèvres,
Toute cette pulpe et toute cette roseur,
Une anémone qui se métamorphose :
Cœur, fruit, fleur et gouffre amer,
Puits de paroles et de cris et de haine,
La bouche du baiser et la bouche qui mord.
Il y a la rondeur,
Rondeur du sein et de la hanche,
De la cambrure du pied,
La rondeur des épaules et le beau mouvement
Que trace sous la peau,
Hiératique,
La clavicule ;
Et dans l’étrange pavillon,
Les circonvolutions
De l’oreille, cette drôle de chose !
Il y a le cou, hardi,
Et retombant sur lui comme une cascatelle,
La chevelure et ses ondulations
Coulant et méandrant,
Rebiffant et bouclant sur la rive du cou.
Mais de toutes les courbes
La plus belle et la plus apaisante,
La plus secrète aussi,
(Car jamais de ses yeux, sur soi, on ne la voit),
Est celle que dessine,
Dans les visages pudiques,
Et ceux de qui lit ou médite,
Dans les portraits des morts
Et les Vierges à l’enfant,
La paupière baissée :
Ligne douce
Bordée de la splendeur des cils,
Ligne douce que brode
L’entrecroisement des cils.
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