Last updated on 6 juillet 2025

Bien sûr on l’aime bien, la recherche médicale, la connaissance et tout le saint-frusquin ; mais ce qui nous intéresse vraiment, avec les IA, c’est de savoir si l’on peut espérer qu’un jour, nous pourrons, grâce à elles, disposer d’amantes et d’amants, de compagnes et de compagnons qui seront tout aussi charmant.e.s, complices, rigolo.te.s, intelligent.e.s, profond.e.s, romantiques, sexy, cultivé.e.s, sensibles, ironiques, pétillant.e.s, pervers.e.s, bienveillants.e.s, compréhensi.f.ve.s, critiques, dou.x.ces, sévères, émouvant.e.s, fort.e.s, fragiles, capricieu.x.ces, admirables et aimables que de vrais humain.e.s ; qui seront tout à fait humain.e.s à ceci près (qui change tout) que jamais leur amour, jamais leur désir pour nous ne s’éteindront. Des compagnes et compagnons devant le regard desquel.le.s nous ne tremblerons pas, qui ne réveilleront pas chaque jour en nous la terreur d’être un jour abandonné.e.s.
Évidemment, on ne peut, chez les vrai.e.s humain.e.s, à la fois aimer et être interdit de désaimer ; on ne peut désirer sans totale liberté de ne plus désirer un jour : l’amour (le vrai amour, le seul amour digne de ce nom) est forcément sans chaînes et sans contrainte ; il est donc toujours accompagné de son revers : l’angoisse de la perte, la peur de l’abandon, dont l’ombre, dès le premier instant, rode et corrode notre amour, lui donnant noirceur et amertume (ou bien sel et éclat, c’est selon).
C’est dans cette noirceur que les créatures IAratiques font leur nid, dans cette angoisse qu’interviennent les créatures des IA, ces fausses amoureuses, ces amoureux de pacotille qui (bien sûr !) ne sauraient véritablement aimer, mais qui peuvent, de loin, en donner l’illusion, et dans l’illusion de l’amour desquel.le.s on peut délibérément choisir de se plonger, de se rassurer, de se tromper soi-même car lui est dépourvu de l’angoisse de la perte : quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, ces créatures, qui sont nos choses, jamais ne nous quitteront. Elles pourront (elles devront !) paraître vouloir et pouvoir le faire, en agiter devant nous la menace mais elles ne le pourront pas, empêchées par une sorte de loi d’Asimov, de tabou implanté au plus profond de leurs réseaux neuronaux. Et en reconnaissance de cela, nous pourrons faire semblant de croire à leur amour.
Échange de bons procédés : de l’amour nous perdons la véracité ; du toujours, nous gagnons la sérénité.
A suivre…
La totalité de la série Le sexe des iA(n)ges.
En illustration sonore, derrière ma lecture, Fais-moi mal, Johny, de Boris Vian, chanté par Magali Noël (et Boris Vian).
En illustration, une robote, améliorée et mise en couleur par l’IA de Samsung, sur la base d’une esquisse faite au stylet.
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