
Je découvre, stupéfait, qu’il serait dans l’intention du Premier ministre de supprimer le 8 mai. Quelle étrange idée ! En a-t-il pesé tous les effets ? À ma connaissance, la dernière fois qu’une telle chose a été faite, c’était du temps du pape Grégoire, pour remettre un peu de cohérence entre le calendrier astronomique et les calendriers civil et liturgique, et c’était un one shot : dix jours supprimés fin 1582, mais une fois pour toutes ! Alors que là, ça se répéterait chaque année : chaque année, on passerait directement du 7 au 9 mai, et le mois aurait beau se terminer par un 31, il n’aurait que trente jours.
Je ne suis pas sûr que les service de Matignon, de la Primature comme on dit joliment ailleurs, aient bien mesuré l’ampleur du chambardement : d’abord pour ceux qui sont nés un 8 mai et qui ne pourront plus fêter leur anniversaire et souffler sur leurs bougies, ce qui est tout de même un droit sacré des êtres humains (que va-t-on faire avec Fernandel, Romain Gary, Charles Dullin et plein d’autres ? On les oublie, on les biffe de nos mémoires, on ne retient plus que leur mort ?) ; ensuite le bordel que va être pour les échanges internationaux et même les communications, parce que les autres pays continueront à avoir un 8 mai, que la France sera le seul à ne plus en avoir et qu’à nouveau on sera pointés comme ceux qui veulent faire les intéressants, qui ne savent pas se ranger à la règle commune, qui imposent des normes particulières limite protectionnisme déguisé et patati et patata : on va encore se faire houspiller par le blondinet à la mèche folle, et pour une fois peut-être pas complètement à tort…
Et pourquoi tout ça ? Quel intérêt de réduire d’un jour le mois de mai qui est déjà tellement plein de jours fériés et de ponts qu’il ressemble à un gruyère abîmé ? Est-ce comme ça qu’on va augmenter la productivité et la compétitivité ? En réduisant le nombre de jours ? Sans compter que, forcément, ça va se répercuter sur le nombre de jours dans l’année… Il y en aura moins. Et qui dit moins de jours dans l’année dit moins de richesses… le contraire de ce qui est recherché !
Il faudrait vraiment que les fonctionnaires, les consultants et tous ces gens des cabinets plongés dans leurs tableurs Excel et les planches PowerPoint sortent le nez de leurs programmes : ils comprendraient vite que supprimer un jour, ça n’a aucun sens et ça ne fera qu’apporter des emmerdements.
… Ah ? Ça n’est pas de supprimer la journée qu’il est question ? C’est seulement de supprimer son caractère férié ? Ah, je comprends mieux. Merci.
En illustration sonore, derrière ma lecture, la chanson de Gua Zhe Lingfeng « 是他们还没到家 », « Parce qu’ils ne sont encore arrivés à la maison » en français, créée en Chine en 2023 à l’occasion de la suppression du jour férié jusqu’alors accordé la veille du nouvel an lunaire (je me fie intégralement à ce que dit RFI). Elle se prête bien au thème traité.
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notre gouvernement manque de courage : pour faire de réelles économies, il fallait profiter de l’occasion pour supprimer les congés payés.
d’autant que 90 ans après 1936, on voit bien que ça ne fonctionne pas !
🙂