On se rend compte, dans l’improvisation théâtrale, de l’abime insondable qui s’ouvre sous chacun de nos pas, de l’immense page blanche à remplir en quoi consiste, en chaque instant, la vie, la merveilleuse vie.
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Alceste est lourd, sérieux ; il prend tout à coeur : les choses qui n’ont, au fond, aucune importance, comme les plus essentielles, ses affaires de cœur, justement, qui devraient alimenter sa joie mais qu’il assombrit et mine assidûment de sa lourdeur, de son sérieux, de son incapacité à « prendre une distance suffisante »
La vue, comme la dextérité peut-être, est rationnelle et méthodique : elle classe, organise, analyse et compare ; les autres sens, brouillons et brumeux, vibrent en nous par resonance, par harmonie, comme le ferait une diapason planté dans notre cœur.
On parle de la même chose mais on ne dit probablement pas la même chose ; on ne dit certainement pas la même chose. C’est qu’il y a un abîme entre la parole qui s’est préparée, qui s’est apprêtée, qui s’est faite belle, et celle qui est livrée, extirpée, arrachée pat la violence, qu’elle soit celle des tenailles ou celle du sermon : l’une est libre, l’autre serve et soumise.
La joie est un élan, un mouvement, un saut de l’ange dans l’inconnu de la vie. Elle est cette pulsion créatrice dont le bonheur est comme la dérivée mathématique : un état calme et tranquille, une plénitude dont on jouit mais où tout s’apaise, rien ne venant y déplacer les lignes.
Grâce au logigramme, à ses jolies flèches, à ses cases mélangeant les choux et les carottes et à ses choix biaisés, le manager de 2025 peut avoir le sentiment de n’être pas vraiment responsable de ses actes puisqu’il ne fait qu’appliquer des processus scientifiquement élaborés, des processus qui conduisent à une punition rationnelle et logiquement fondée sur laquelle il n’a pas vraiment la main.
Ce qui doit guider l’action du manager, dans le châtiment comme dans le reste de son activité, c’est le souci de l’efficacité, de la proportionnalité, du devoir : ce n’est ni lui, ni son bras, ni sa main qui punit, c’est l’entreprise et la nécessité ; ce ne sont pas ses intérêts propres qu’il défend mais la pérennité, la réputation, les revenus et le cash-flow.
Voilà une question qui, pendant la longue parenthèse, la longue déliquescence ouverte par le Covid et le développement du télétravail, avait été un peu mise de côté. Mais cette triste page ayant maintenant été tournée, et le retour à des pratiques plus rigoureuses et, osons le mot, plus viriles, ayant été franchement amorcé, elle revient enfin (il en était temps !) au cœur des préoccupations managériale.
