Manager dans le post-Covid
2. Punir

Last updated on 20 octobre 2025

Processus de détermination des punitions adéquates
(c) Ashton and Carpenter, « Applying Foucault in enterprises », Management Studies, MIT, 1985

Punir est nécessaire. On évitera néanmoins de sanctionner sans raison, je veux dire sans qu’il soit possible de justifier le châtiment par une faute préalable. On a tous envie, à un moment ou un autre, je le sais bien, de punir tel ou telle parce que sa tête ne nous revient pas, que nous avons mal digéré ou que la nuit a été détestable pour une raison ou pour une autre. Ces pulsions sont bien excusables compte tenu de la charge qui pèse 24h/24 sur les épaules des managers. Mais dans les entreprises du vieux continent, où règne encore, pour le moment, une sorte d’état d’esprit woke, sanctionner sans faute avérée risque de déclencher une suite de procédures interminables devant des juges gauchistes et portant cheveux longs, et mieux vaut, pour le moment du moins, s’en abstenir.

Ce qui doit guider, en effet, l’action du manager, dans le châtiment comme dans le reste de son activité, c’est le souci de l’efficacité, de la proportionnalité, du devoir : ce n’est ni lui, ni son bras, ni sa main qui punit, c’est l’entreprise et la nécessité ; ce ne sont pas ses intérêts propres qu’il défend mais la pérennité, la réputation, les revenus et le cash-flow ; les emplois et le gagne-pain de la grande famille que forment salariés, fournisseurs, partenaires, clients de l’entreprise, patron, sans oublier les actionnaires sans lesquels rien, jamais, n’aurait été possible. C’est la défense de ce collectif qui fonde la légitimité du châtiment, ce châtiment qui vise simplement à éviter que ne se répètent des errements qui menacent au bout du compte le travail et le salut commun.

Punir n’est pas toujours facile, nous le savons tous d’expérience. Mais le manager doit savoir, il doit sentir au fond de lui que c’est de cette responsabilité également qu’il est investi, parce que c’est le rôle du leader que de guider ses équipes dans la voie des succès industriels et commerciaux mais aussi de trancher, quand il le faut, la main qui a trahi, la main qui a fauté, avant que tout le corps ne soit rongé par la gangrène. La punition n’est pas là pour faire mal (même s’il est parfois utile qu’elle le soit), elle est la voie, la voie peut-être douloureuse mais nécessaire, du salut collectif : sanctionner, c’est refuser d’écouter les chants niais et sirupeux des sirènes de la fausse bienveillance et porter avec courage et détermination le fer rouge sur la plaie purulente, stoppant ainsi l’extension du mal : punir, c’est sauver, comme l’observait déjà, avec son admirable perspicacité et son sens si remarquable de la formule, George Orwell dans 1984, ce livre que les pleurnichards considèrent comme une critique et un avertissement alors qu’il est un mode d’emploi, un manuel de management à l’attention des futurs dirigeants.


À suivre.

NB : il est regrettable de devoir le préciser (mais c’est apparemment nécessaire) : cet article est évidemment une parodie, une satire.

En illustration sonore, derrière ma lecture, un enregistrement de bureau de poste trouvé dans l’excellente banque de sons de la BBC


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