Le programme et l’intention

La Seine dans le brouillard, entre Thomery et Champagne-sur-Seine

Elle est surprenante, cette attention portée par certains aux programmes, aux coûts, aux chiffrages. Comme si c’était pour un programme qu’on votait, pour que soient appliquées les mesures 8, 13, 14 et 17, et pour cela seulement, ou essentiellement.

Je ne dis pas que les programmes soient absolument et complètement dépourvus d’intérêt, qu’il soit honnête d’y raconter n’importe quoi, de ne pas les appliquer ou de les considérer d’emblée comme des chiffons de papier. Mais ce n’est évidemment pas pour un programme qu’on vote, mais pour une intention. Et l’intention, c’est bien autre chose que le programme : c’est une chose à la fois beaucoup plus importante et beaucoup plus vaste, beaucoup plus indistincte, qui ne se découvre pas sous le scalpel des mots et des chiffres mais requiert, pour être perçue, intuition et corporalité.

L’intention, elle ne se lit pas dans les programmes : on peut être très propre sur soi et cependant plein de noirceur et d’abime, comme on peut avoir plein de défauts et d’imperfections et valoir cependant bien mieux que cela.

L’intention ne se lit pas forcément dans les programmes (un peu plus dans les paroles, les regards, les silences, les sourires, les yeux, les attitudes, le corps), mais c’est elle, pourtant, qui compte.

Je suis toujours surpris, surpris et peiné, par ces hommes et ces femmes qui essaient, qui ont l’idée saugrenue et réductrice d’essayer de justifier l’amour qu’ils portent à une autre personne par la liste ou la description de ses diverses qualités. Cette tentative pour rationaliser l’amour m’est toujours apparue comme l’aveu d’une incompréhension dramatique, et probablement d’un refus, de l’amour. Et il en va de même pour nos frayeurs, nos détestations et nos malaises, qui n’ont pas besoin de raisons précises et établies pour être justes et parfaitement fondées.

De même les programmes politiques : on doit les lire car quelque chose s’y exprime et s’y manifeste mais l’essentiel est ailleurs, dans la perception, la compréhension, l’intuition que nous avons de l’intention et des valeurs de ceux qui se présentent à nos suffrages.

Aldor Écrit par :

Un commentaire

  1. 4 juillet 2024
    Reply

    Une belle porte ouverte, Aldor, et une photo qui lui convient bien. Merci à toi.

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