La veille, on s’est couché épuisé, harassé, fourbu. Mais on s’est reposé : on a mangé, bu, dormi. Et voici qu’après la nuit, un jour nouveau s’est levé. Et c’est dans ce jour nouveau que nous partons.
Il fait beau et frais, les oiseaux chantent, tout est calme. Le corps a repris des forces et, pendant quelques heures, quelques kilomètres, on a la délicieuse impression que la terre est à nous, qu’on pourrait aller au bout du monde, qu’on a enfin trouvé le bon rythme, le bon geste, la bonne cadence, le bon chaloupement, celui qu’on pourrait tenir pendant des heures sans jamais être fatigué.
On sait que la veille déjà, la même idée, le même sentiment nous était venu : cette impression d’avoir passé un stade, acquis quelque chose permettant d’aller loin. Et on sait aussi qu’après quelque temps, cette allégresse joyeuse s’était effacée sous la poussière de la fatigue et de la lassitude.
Mais on se dit que là, c’est autre chose, que là, vraiment, on a trouvé, que ce qui était hier une illusion est devenu réalité.
Et chaque jour, c’est ainsi : dans la fougue et l’ardeur du petit matin, tout paraît possible, et on a beau avoir fait mille fois l’expérience de la désillusion, avoir mille fois connu l’arrivée de la fatigue et de l’exténuement, l’illusion est plus forte, qui nous porte sur ses ailes. Et chaque jour, c’est ainsi ; et chaque jour, c’est ainsi.
Contre le bonheur et la joie, l’expérience la plus solide n’est rien. Elle s’effrite et s’oublie.
Bénie soit l’allégresse du matin, cette délicieuse illusion.
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[…] l’allégresse du matin, on est heureux de faire cette petite montée, cette petite ascension. Il me semble que c’est […]
Ah j’Aldor ton texte !
Je connais même une nana qui prolonge l’illusion jusqu’au soir. Parce que l’énergie du matin la porte sur ses ailes toute la journée…Mais ne fais pas attention à elle, c’est une indécrottable originale … 🙂
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Ahaha ! Je parie que sa chevelure flamboie.
Du peu que je sais d’elle, de l’un peu plus que je devine, ça ne m’étonne pas !