Je reste ébahi par la profondeur, la diversité, l’étendue de nos goûts, que nous partageons probablement avec beaucoup d’autres animaux, qui nous font aimer et rechercher à la fois des choses très simples, très sobres, très pures ; et d’autres très sophistiquées, très complexes, pleines d’arabesques, de double-fonds et parfois de perversités.
Catégorie : Choses de la vie
Il existe certainement des cas dans lesquels sexe et genre sont dramatiquement désalignés. Il est heureux que pour ces cas là, il soit désormais possible de transitionner. Mais le vrai combat est inverse : non pas réduire la féminité et la masculinité à leurs caricatures mais faire qu’on puisse vivre pleinement son état de femme et d’homme sans coller aux stéréotypes, en assumant sa différence, ses côtés masculins aussi bien que féminins.
La distinction, comme travail bien fait, ne consiste pas seulement à connaître les règles du savoir-vivre et les codes, mais à les connaître et les maîtriser assez pour savoir et pouvoir s’en affranchir. C’est ce qui la rend si élitiste et si difficile d’accès : il ne s’agit pas d’appliquer les règles mais de jouer avec elles, et ceux qui se contentent de faire ce qu’on leur dit jamais ne passeront la porte du paradis.
En l’absence de partage, le plaisir de la liberté se dissout et file entre nos doigts ; il devient une sorte de fausse monnaie, de chose à jamais trompeuse et incomplète
Il y a tant de choses dont nous sommes insatisfaits et dont rendons le manque de temps responsable en sachant bien, au fond, que le temps n’y est pour rien et que nous y sommes pour tout.
À chaque instant, la vie suscite de l’inédit, rendant caducs nos scénarios et créant de nouveaux possibles, qui n’avaient pas été envisagés. Les systèmes physiques et mécaniques ont des points de basculement au-delà desquels les règles changent ; chez les êtres vivants, chaque instant est point de basculement ouvrant sur l’inconnu.
Certains semblent parfois s’interroger sur la volonté réelle de nos gouvernants de lutter pour plus d’égalité. Shame on them. On peut, dans l’ombre, sans tambour ni trompette, sans chercher à attirer sur soi les gros titres, faire avancer les choses et réduire les inégalités inégalités territoriales qui, insidieusement, sapent l’unité de la République. La preuve en est faite.
Il faut, pour traduire, accepter de changer un instant de point de vue, vouloir sortir du cocon, de la familiarité, mais aussi de la discipline d’expression et de pensée que crée et en quoi consiste le “génie de la langue”, cette façon particulière que nous avons de dire et de bâtir le monde en le disant.
Cela, nos sociétés aussi doivent l’apprendre : qu’il existe un plaisir à jouir de la beauté du monde sans en faire sa chose, sans chercher à en explorer, à en épuiser, à en exploiter la totalité ; qu’il existe un plaisir à maintenir et à savoir qu’existe un au-delà, un intouché, une place pour autre chose.