C’est très bien, la fresque : la fresque du climat, je veux dire. Mais ça n’est qu’un moyen, pas une fin ; un instrument, pas un accomplissement.
Or comme toujours, avec le temps, on tend à l’oublier, et à considérer comme un objectif en soi, comme une fin, ce qui n’est qu’un objectif intermédiaire, une étape.
Il est indispensable de dessiner des étapes quand le but est lointain. Sinon celui-ci paraît trop inaccessible et le courage nous manque avant que de commencer. Il faut des objectifs intermédiaires pour que nous puissions entreprendre le voyage.
Mais la fatalité, ou peut-être notre paresse, notre manque de sérieux ou notre peu de foi, font que très souvent, le plus souvent peut-être, notre attention une fois fixée sur le moyen, nous en oublions la fin : nous nous passionnons pour les chaussures, le matelas, la paire de skis ou la sacoche, et oublions le chemin et son but. Et ce divertissement nous plaît infiniment.
De temps à autre, nous en prenons conscience et nous rebiffons contre cette paresse de l’âme, cette perte de sens à laquelle nous cédons si facilement. Mais il faut un petit effort à cette remise des pendules à l’heure, à cet arasement des tables du passé, à cette réinterrogation : pourquoi faisons-nous ça ? Dans quel but ? À quelle fin ?
Quoi qu’on fasse, il est sain de se mettre régulièrement face à soi-même, de considérer son action et de se demander si l’on est pas en train de lâcher la fin pour le moyen. Et c’est évidemment plus facile à dire qu’à faire.
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