Last updated on 25 août 2025

Nous pensons vouloir nous remplir ; et pourtant nous n’aspirons vraiment qu’à nous vider.
Nous nous gorgeons, nous sommes avides et impatients, gourmands, gloutons comme les parents de Chihiro, portant la main et la bouche sur tout, voulant tout attraper, tout kleptomaniser et thésauriser ; et pourtant, c’est dans le mouvement inverse, celui dans lequel nous nous vidons : de notre air, de nos fluides divers, et même de notre énergie, que nous ressentons les plaisirs les plus intenses.
Expirer, soupirer, exulter, être vidé, épuisé ; voilà vraiment ce qui, paradoxalement, nous comble : c’est dans le dépouillement – je veux dire l’acte même de nous dépouiller, de nous purger volontairement de notre substance, que nous jouissons.
Être vidé ; avoir tout donné ; n’en plus pouvoir… qui n’a jamais ressenti, surpris, l’étrange plaisir, l’étrange vertige de la fatigue, de l’anéantissement, de la petite mort ; ce sentiment délicieux, peut-être morbide, d’être allé au bout de soi, de ne plus avoir de réserves, de surplus, de forces ; et d’être enfin ainsi devenu, ainsi rendu peut-être, à son être authentique et premier, celui que rien ne vient embarrasser et encombrer ? Peut-être même Dieu, dans son Tsimtsoum, sa décréation initiale, fait-il, ravi, l’expérience de cette jouissance, de cette réduction à l’essentiel, de cette purification qui met fin à l’accumulation et permet au mouvement de flux et de reflux, au long tempo de la vie, de reprendre.
En accompagnement musical et en hommage à ce vide qui nous attire, Anthem, de Leonard Cohen, parce que c’est par la fissure et le vide que passe la lumière.
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Se remplir et se vider sont les deux mouvements de notre ressac intime.
Il faut l’un pour avoir l’autre, dans un cycle perpétuel de notre premier souffle où nous emplissons nos poumons, jusqu’au dernier où on les vide.
Pour moi, les deux jouissances sont équivalentes.
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