Il y a peut-être un lien entre la conception pornographique, réductrice, que les Talibans ont des femmes et la conception pornographique, utilitariste, également réductrice que certaines et certains d’entre nous ont du monde. Mais ça n’est pas une affaire de sexe.
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C’est pourquoi il faut refuser de parvenir, refuser de devenir un de ces parvenus ne cherchant qu’à se hisser au niveau ou au-dessus des autres ; trouver en soi le courage de résister, de refuser cette course moutonnière qui nous entraîne, nous laisse toujours haletants, envieux, insatisfaits ; et participe au malheur du monde.
Les mots répétés, ces déclarations solennelles qui ne conduisent à rien, ces grands discours qui demeurent lettre morte, ces paroles d’engagement qui deviennent litanies, se muent peu à peu en étouffoir : l’agonie de la planète disparaît sous la montagne de mots dont on la recouvre et dont on finit par se payer, en monnaie de ces singes qui continuent à disparaître dans l’inaction de nos propos.
Il faut, pour embrasser le malheur, avoir d’abord embrassé l’amour. Pour pleurer la destruction du monde, avoir d’abord compris qu’on l’aimait.
D’un côté comme de l’autre, le marché est inopérant, ou plutôt mal opérant : il risque d’affamer les foules et de détruire toute vie sauvage pour permettre à quelques privilégiés de continuer à mener grand train. Il faut donc lui substituer des dispositifs hors marché, des dispositifs centraux et étatiques fondés sur la redistribution sociale et la norme.
Il n’y a d’authenticité, de vraie fidélité à soi-même que dans l’aboutissement, dans la pleine et totale réalisation de nos potentialités, dans l’effort mené jusqu’à son terme.
La croyance, d’ordre mystique, est totalement irrationnelle. Elle nous fait prendre des risques considérables. Tout le contraire des prêches de ce bon Monsieur Spock. Mais c’est d’elle que, depuis toujours, naissent les grandes choses. Elle n’est pas un défaut de la raison ; elle est ce qui, en nous, permet de la dépasser pour partir sur les chemins incertains de l’altruisme, de l’amour, de la foi, de l’espérance, de la découverte. Elle est l’émotion qui nous mène hors des sentiers battus de la raison ratiocinante.
Nous sentons et savons les liens indissociables, de nécessité mais aussi d’amour, qui nous rattachent au reste du vivant, à la multitude des êtres de la Maison commune mais avons du mal à les reconnaître et à agir en conséquence. Nous aimons, dépendons et détruisons ce dont nous dépendons et que nous aimons. C’est un comportement intrinsèquement inauthentique, qui crée une dissonance cognitive et nous plonge dans un immense désarroi, si ce n’est même dans la tristesse. C’est cela aussi que racontent les mythes du Péché originel et du dresseur de chevaux.
Comme si l’honneur et la vertu de nos guerriers, qui ont vaincu tour à tour les deux plus puissantes armées du monde, avaient besoin d’être défendus et protégés contre les assauts de la séduction féminine ! Comme si eux, qui se sont battus comme des lions, étaient sans force face à la douceur d’un visage !
Il ne s’agit pas d’enrichir le monde ; il s’agit de le démonétiser, de recréer et d’agrandir des espaces naturels, mentaux, culturels, sociaux, qui ne soient pas soumis à notre avidité et au jeu continuel de l’offre et de la demande. Des espaces physiques et intérieurs libérés de cette pression où le monde puisse se réenchanter.