Tisser, c’est accepter d’être tissé ; c’est abdiquer la position du maître et renoncer à celle de l’esclave ; quitter ces cases confortables, ces rôles où l’on se sent si bien pour embrasser l’inconnu et la vie, accepter de se perdre, renouer avec la joie du flux.
Improvisations Posts
Des techniques conçues pour industrialiser la mort, naquit l’industrie moderne qui, dotée de ces capacités massives de production, put ensuite les employer à la fabrication massive d’armes et permettre cette guerre totale dans la noirceur de laquelle est né notre monde moderne.
La priorité est de poser en prémisse le droit des êtres vivants, quels qu’ils soient, à bénéficier gratuitement des ressources naturelles qui leur sont indispensables ; et donc la nécessité absolue de réglementer d’une façon ou d’une autre l’accès des autres utilisateurs à ces mêmes ressources.
Nous ne sommes jamais tout à fait ce personnage, jamais tout à fait ce rôle ; mais il nous permet d’économiser l’énergie considérable que nous devrions dépenser à chaque instant sinon pour expliquer et réexpliquer qui nous sommes et d’où nous parlons : porter un costume trois pièces, des Louboutin ou des tresses afro, ça épargne beaucoup de salive.
Nous avions pensé pouvoir échapper à la frénésie et à la compulsion, nous avions espéré ne plus vouloir tout voir, tout toucher, tout visiter, tout manger ; mais à peine sommes-nous sortis du jeûne qui nous avait été imposé que, sans période de viduité, notre appétit d’ogre est revenu, accru encore des frustrations accumulées pendant ces quelques mois de carême.
Je me demande pourquoi beaucoup, dans la rue, qui n’ont pourtant pas de blessure saignante, montrent ce visage soucieux ou renfrogné. Ne savent-elles pas capter le plaisir infini des choses les plus simples ou craignent-ils seulement d’être considérés comme superficiels, égoïstes ou inconscients parce qu’ils ne pleurent pas, à chaque instant, sur l’immensité des malheurs du monde ?
Tout cela pour dire que, dans le malheur de ces temps de cupidité, de pillage, de violence à l’égard de tous les êtres, humains ou non, qu’on massacre, qu’on opprime, qu’on empêche de vivre dignement, suivre des yeux, serait-ce pour des raisons qui ne sont pas sublimes, une paire de bottines qui avance dans la rue, peut suffire à s’extasier sur la magie du monde et de la vie.
Il ne suffira pas, pour sauver le monde, de sobriété et de respect ; il y faudra aussi du réenchantement et de la poésie, de la magie et du sacré.
C’est étrange, comme nous aimons les choses (et peut-être les êtres) de façon limitée et temporaire, jamais de façon absolue et pérenne, sauf celles qui nous échappent. Vient toujours un moment où, à l’envie, au plaisir, au désir, succède l’ennui, la lassitude, quand ça n’est pas une sorte de dégoût.