Katia et moi bavardions l’autre jour de la tendresse et elle me disait (peut-être ai-je mal compris mais je crois que c’était bien là le sens de son propos) que la tendresse n’était, le plus souvent, à son sens, que le faux-nez du désir : on est tendre ou on demande de la tendresse quand, en fait, c’est autre chose qu’on veut – suivez mon regard coquin.
Dans l’instant, j’étais d’accord avec elle. A la réflexion, je ne le suis plus, ou plus complètement : la tendresse peut effectivement n’être que le masque hypocrite revêtant le visage grimaçant de l’avidité des corps ; mais elle peut également ne pas l’étre. Elle peut être hypocrite mais ne l’est pas forcément. Elle peut être faite pour séduire et cacher ; elle peut aussi simplement révêler.
La tendresse est comme la gentillesse ou le sourire. Elle est comme ces biens à double usage dont les traités internationaux prescrivent que les échanges soient tracés parce qu’ils sont susceptibles aussi bien d’être utilisés pour soigner que pour tuer, pour fabriquer des appareillages médicaux que pour construire des armes. Ils peuvent être utilisés « à la place » de l’amitié, de l’amour, de la bonté – et alors ils sont faux et méritent leur mauvaise réputation. Mais ils peuvent aussi révêler ce qui est au fond de l’être et ils sont alors comme une ouverture.
Nous ne pouvons jamais savoir, de façon certaine, dans ce monde, ce que recouvre ce sourire, cette caresse, cette gentillesse, cette tendresse. Pas de preuve, pas de test a priori, pas de critère qui permettrait de lever une fois pour toutes l’ambiguïté et la polysémie des choses. Nous tatonnons, tatonnons, tatonnons, balottés d’erreurs en réussites et de succès en échecs, obligés que nous sommes de faire confiance à notre coeur, à ce que nous ressentons et croyons , sans que jamais – Ô grand jamais ! – cette croyance puisse laisser place à la certitude.
Et ainsi va la vie.
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Pas de certitudes, non, mais une intime conviction, quand on de de petites antennes vibratiles et sensibles…
La tendresse est un sentiment tellement beau et pur, tellement doux et chaud, je ne saurais le placer dans la gamme des faux-semblants.
Pour moi, on ne peut tricher en tendresse.
En revanche, certaines personnes savent bien manier la minauderie et la duplicité souriante, et c’est là que le feeling devrait nous alerter. les tartuffes sont particulièrement nombreux en politique…mais pas seulement.
Bises célestes ¸¸.•*¨*• ☆
… Quand on a de petites antennes vibratiles et sensibles, oui, Célestine… Mais quand on a de gros doigts gourds et soupe au lait, c’st parfois moins facile.
… Plus exactement (mais suis-je le seul à penser ainsi ?), on peut êttre titalement sincère dans sa tendresse et avoir envoie aussi,n et au même moment, du corps. Pourquoi toujours ça ou ça?
Et c’est vrai que c’est là un domaine où les faux-monnayeurs abondent – mais ce n’est pas pour autant que tout le monde cherche à frauder… – ce que tu n’as pas dit, je le sais.
Mais ai-je dit que la tendresse était opposée à l’envie du corps ?
¸¸.•*¨*• ☆
Non, Célestine, tu ne l’as pas dit.
Je crois bien que tu appartiens à l’espèce des Et plus qu’à celle des Ou.
Et de cela aussi, je te remercie.
Non, Célestine, tu ne l’as pas du tout dit. Merci.
La tendresse … je ne suis pas tout à fait d’accord avec Katia non plus (sourire) … Pour moi la tendresse donnée ou reçue est quelque chose de fondant, de doux, perçue dans un regard, un geste, par le senti … mélange d’amour et de gratitude. Oui faire confiance au coeur … indéniablement !
Oui, Catherine. Encore faut-il savoir bien l’entednre, son coeur… Et je sais que, parfois, j’ai beau tendre l’oreille, je n’entends rien…
Peut-être ne faut il pas tendre l’oreille … sourire … Pour l’entendre, il faut faire silence en soi, et respirer, et la poitrine se soulève et respirer encore et le coeur s’ouvre comme une fleur … Et là on l’entends ! Et je crois sincèrement qu’avec votre sensibilité vous pouvez y arriver …
Oh, Catherine, c’est gentil, cette peine que tu prends. Merci beaucoup.
C’est un plaisir cher ami !
La tendresse est pour moi un sentiment: une affection douce (qui n’en est pas moins forte). D’autres sentiments sombres peuvent s’en masquer mais ne peuvent la réduire. Et cela se voit, cela se sent, non?
C’est ce que je voudrais croire. C’est ce que je crois, quand je me raisonne, Clémentine, par ce qui ressemble à un geste de foi…
C’est vrai. Plusieurs de mes proches me disent (alors que je suis athée): « oui mais toi, tu as la foi ». Est-ce à dire que je suis naïve? Peut-être, mais je n’aimerais pas me défaire de cette naïveté qui rend le monde plus beau.