Last updated on 9 juillet 2019
On croit parfois, lorsqu’on fait quelque chose, le faire pour les autres. Et il nous arrive même de penser qu’on se sacrifie aux autres : à ses enfants, ses parents, son entreprise, son travail… Et bien sûr, cela arrive parfois : il existe des rapports d’aliénation qui font qu’on est sous la domination, notamment économique, de quelqu’un et qu’on ne peut donc faire que ce qu’il nous demande de faire ; nous ne sommes pas véritablement libres.
Le plus souvent, néanmoins, ça n’est pas le cas, et lorsqu’on prétend faire quelque chose pour les autres, se sacrifier à eux, on oublie que ce qu’on fait alors, c’est pour nous-mêmes aussi, et peut-être surtout, qu’on le fait. Non seulement parce que, si on ne le faisait pas, on ne serait pas en paix avec notre conscience, mais plus radicalement : parce que, si on ne le faisait pas, on s’écroulerait comme s’écroulent ces parents qui croient se sacrifier à leurs enfants et qui découvrent, une fois qu’ils sont partis, que leur vie n’a plus de sens. Ce sont ceux qu’ils croyaient aider qui, en fait, les aidaient.
Probablement y a-t-il là une autre manifestation de cette pensée dualiste dont je parlais l’autre jour et qui nous empoisonne : il ne s’agit plus ici de la différence entre l’esprit et le corps mais de la barrière étanche que nous érigeons, dans notre esprit, entre nous et les autres, et qui nous fait oublier l’unité radicale de l’humanité, de la création, du monde : ce que nous faisons aux autres, c’est à nous-mêmes, au bout du compte, que nous le faisons ; et le plaisir que je donne aux autres, c’est à moi-même aussi que je le donne.
C’est pourquoi l’affichage d’une pensée ou d’un comportement altruiste est parfois si dérangeant : ceux qui prétendent aider les autres et en faire une règle, ceux qui prétendent se sacrifier aux autres et en faire un devoir paraissent en fait totalement empêtrés dans l’illusion dualiste et oublier qu’aidant les autres, c’est eux-mêmes qu’ils aident. Et l’altruisme qu’ils mettent en avant avec tant de complaisance n’est parfois que le reflet de l’individualisme ou de l’orgueil qui les motive. En érigeant une muraille entre eux-même et les autres, en séparant le tien du mien, ils occultent le fait, fondamental pourtant, et que l’amour apprend, qu’on ne tire son plaisir que de celui donné à autrui.
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Un autre exemple est « je suis triste pour toi » !
Bien dit et merci, Aldor.
J’aime toujours autant tes pensées ! Et je suis d’accord avec toi. Au delà de tout orgueil et vanité, il y a du plaisir à faire plaisir aux autres quand cela ne devient pas une obligation bien sûr. Une nouvelle forme de diktat émerge notamment dans la spiritualité qui dit qu’il faut penser d’abord à soi, que pour aimer les autres il faut d’abord s’aimer soi qui, pour moi, relève d’un certain égoïsme …
Belle fin de journée Aldor 😊
… et le contraire : tout ce qui met l’accent sur la coupure entre soi et les autres, comme entre l’esprit et le corps, et qui privilégie l’un en abaissant l’autre me semble faux, réducteur et susceptible de cacher son contraire.
Mais peut-être changerai-je…
Disons qu’il faut garder un équilibre en tout !
Du coup, il n’y a que des égoïstes en fait. Alors, entre deux égoïstes, je préfèrerai toujours celui qui se préoccupe des autres, même si c’est pour flatter son égo… 🙂
•.¸¸.•`•.¸¸☆
Bonjour Célestine,
J’ai certainement été maladroit dans mon expression. C’est que ma pensée n’est pas forcément très claire.
Il ne s’agit évidemment pas de dire que se soucier des autres est mal. Bien sur que non. Mais que structurer le monde dans ces.catégories là, en opposant ce qui est bien pour les autres et ce sui est bien pour nous, la est probablement la deviation.
Et qu’au bout du compte, aya t ainsi dessiné le monde, on préfère systématiquement se sacrifer aux autres ou sacrifier les autres à soi est second
Car c’est la façon de poser les choses qui est mauvaise et viciée.