Se mettre dans la peau d’une personne, c’est tenter l’expérience d’un lâcher-prise total durant lequel on se fie entièrement à ce que susurre, à ce que chuchote, à ce que hurle plutôt notre corps, ou plutôt le corps de cet être que nous essayons d’être, cet être que, magiquement, nous comprendrons probablement plus en le singeant qu’en l’étudiant, un scalpel et les ressources de l’esprit à la main.
Catégorie : Psy
Ce que je veux dire, c’est que, même s’ils n’ont pas que des qualités, j’aime bien celles et ceux qui veulent avoir l’air, parce qu’ils veulent cela de ne pas être totalement pétrifiés, totalement à l’aise, totalement collés à leur masque, à leur rôle.
Notre esprit est ainsi fait qu’étonnament, nous sommes plus attentifs aux choses, plus en éveil, plus présents au monde avec de la musique, avec un fond sonore dessinant un paysage, que dans le silence. Ou, pour dire les choses autrement : peut-être la musique gène-t-elle notre concentration mais elle soutient l’attention, qui n’est pas la même chose et qui, dans bien des cas, est beaucoup plus utile, beaucoup plus efficace que ne l’est la concentration.
La différence entre fierté et orgueil ne réside donc pas seulement dans le comportement objectif de la personne qu’on a en face de soi mais aussi dans le rapport très subjectif qu’on entretient avec la compétence justifiant l’estime que cette personne a d’elle-même.
On ne peut pas toujours fuir, on ne peut pas toujours se fuir ; on ne peut pas toujours mettre sur le dos des autres la blessure qu’on porte en nous et qui demeure dans notre fuite.
Alors que ce « Mais ça n’est pas grave » prétend atténuer la faute que nous aurions commise, sa fonction réelle est de dédouaner notre interlocuteur de son propre mensonge, ou exagération, ou raisonnement fallacieux. Il est un marqueur de la gêne de notre interlocuteur qui, conscient de sa mauvaise foi, cherche dans la relativisation de la faute que nous aurions commise une façon de relativiser son propre mensonge et de diminuer sa mauvaise conscience
Dans ce grand barnum où chacun porte un masque, ne voit les autres qu’à partir de son propre mouvement et projette sur eux ses propres angoisses, ses propres désirs, ses propres fantasmes, le malentendu est roi.
Comme dans le cas des sorcières, c’est le plus souvent dans l’esprit des accusateurs que gît la culpabilité initiale, et c’est pour s’en débarrasser qu’ils accusent des innocents.
Célimène et Conchita sont malheureuses. Elles restent au bord de leur vie. Elles sont puissantes et ont prise sur ceux qui les aiment mais il n’y a derrière qu’un grand vide, une grande peur de n’être plus maîtresses d’elle-mêmes. Une grande peur de vivre.