Lorsque j’étais enfant, adolescent peut-être, nous jouions à un jeu qui consistait à nous demander, les uns les autres, si nous préférions le soleil ou le lune. Et systématiquement, je répondais : la lune.
Je pense aujourd’hui que c’était une pose. Je voyais l’image, si souvent représentée, de ce philosophe assis tout en haut d’une montagne et regardant la mer de nuages, celle de Chateaubriand les cheveux dans le vent, et, m’imaginant poète, artiste, mal-aimé ou romantique, je prenais cette posture qui me donnait une contenance : la lune, pâle et humble, froide et secrète, était mon astre préféré.
Je me demande aujourd’hui s’il y a vraiment des gens qui préfèrent la lune ou si cette préférence n’est pas toujours une sorte de pose, de rôle qu’on endosse parce qu’il permet de se tenir à l’ombre.
J’entends bien, naturellement, qu’on puisse aimer la lune, sa douceur, sa délicatesse – sa chasteté aurait dit François – et qu’on puisse donc, par moments, la préférer au soleil. Mais peut-on la préférer dans l’absolu ? Peut-on vraiment, au fond de soi, et en toute vérité, préférer cette pâleur à l’éclat du soleil, préférer cette froideur à la chaleur de l’astre du jour ? La préférence pour la lune, le romantisme n’est-il pas toujours un moyen commode que nous nous donnons pour cacher (et revêtir d’un manteau de positivité) notre peur de la vie – c’est-à-dire notre angoisse de la mort : fuir la vie de peur qu’elle ne se sauve ?
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Il me semble que la lune n’est pas l’envers du soleil, qu’on peut la préférer pour mille raison allant de la lumière particulière, lait et argent – une lumière souvent salvatrice ! – qu’elle diffuse dans la nuit, et qui a nourri tant de poèmes orientaux, à son association à la puissance féminine et au mystère. Je n’y vois pas de peur de la vie (mais personnellement je suis totalement dans le clan du soleil 😉).
En fait, je n’associais pas spontanément lune et féminité. Et cest vrai aussi qu’elle a une part d’ombre qui est ouverture et non pas refus.
Et par bonheur , préférer le soleil durant le jour … et la lune quand la nuit vient 😉
Ça, c’est la meilleure chose, tu as raison.
Ah ! Ça c’est très bien. Mais cest souvent le contraire qui se passe, avec notre esprit bizarrement fait.
Je ne suis pas d’accord 🙂
Aujourd’hui, nous ne connaissons plus la puissance de la lune. Nous savons qu’elle n’a pas de lumière propre et réfléchit seulement celle du soleil, nous vivons dans des lieux trop éclairés et haut bâtis pour être sensible à ses phases et à la qualité discrète et profuse de sa clarté. Elle nous est presque invisible comme les étoiles.
Quant au romantisme, le véritable, il n’exprime pas une peur de la vie. Il est la communion la plus sincère avec le vivant, la nature dans sa croissance, ses ramifications, ses connexions, en nous et autour de nous. Et jamais cette communion n’est plus intime que dans la nuit où les limites s’abolissent. La vue ne domine plus, les autres sens s’affinent et eux ne fonctionnent pas par distinction et séparation entre sujet et objet.
Quant à moi, je ne préfère ni lune ni soleil. Mais j’ai la nostalgie de la lune, que j’aperçois plus rarement, qui me guide sans que je puisse la situer.
Ah oui, le romantisme comme acceptation du tout, le rejet d’aucune part ?
Ce nest pas ça qui m’y plaisait dans ma jeunesse mais peut-être.
C’est très joli, ce que tu dis et penses, Joséphine. Je vais y penser.
Nous sommes des êtres lunaires et solaires puisque nos vies dépendent d’eux…
Je crois qu’en nous il y a un peu des 2 comme le masculin et le féminin. Bonne journée.
Oui. Même si je ne crois pas qu’on puisse associer un astre à un genre.
Non peut-être pas mais dans tous les cas on a besoin des 2 pour vivre et on est un peu des 2.
Oui.
Oh ! Mais je ne considère pas que les femmes soient spécialement lunaires. Elles peuvent très bien être solaires et rayonnantes !
Je crois que certaines formes de romantisme peuvent être solaires, je pense aux peintures de Delacroix ou à certains poèmes de Hugo ou de Rimbaud … Je ne trancherai pas entre la lune et le soleil, entre le jour et la nuit, mais je crois que la lune, avec ses changements de forme, de couleurs, son influence sur les marées et sur nos humeurs, a quelque chose de plus énigmatique que le soleil …
Tu as raison, Marie-Anne. Je navais jamais pense aux changement de forme.
Toutefois, je ne remettais pas du rout en cause le charme de la lune, auquel je suis très sensible ; seulement le fait quon puisse, au bout du compte et en toute honnêteté, le préférer.
C’est une jolie question que tu poses là. je n’y avais jamais pensé…
Solaire je suis, même si j’aime beaucoup la nuit, à cause des étoiles…Mais les étoiles sont aussi des soleils…
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Que maline et feu follet comme tu es, tu n’aies jamais pensé à ça, voila qui m’étonne, Chère Celestine !
Le soleil ou la lune ?… Je n’ai de préférence aucune. Mais en fonction de chacun, chacune, je sens en moi une transformation. Le soleil me donne envie de bouger, de sortir, de rire, de chanter. La lune me donne envie de me retirer, de me taire, de rentrer en moi. Le soleil me donne la gaieté, la lune me rend mélancolique. La lumière, l’ombre. Mais j’aime ce que chacun, chacune m’apporte, ce que chacun, chacune me fait ressentir.
Et puis, sans doute parce que mon frère est parti une nuit de pleine lune, cette nuit-là, j’aime sortir et la regarder, la contempler, interrogative et pensive…
Tu as raison, Francoise : il faut aimer les deux.