Maximalisme

Le président de la République prononce hier soir un discours sévère dans lequel il annonce une série de mesures privatives de libertés qui seront mises en oeuvre dans les prochaines semaines. Ce sont des mesures extraordinaires puisqu’il s’agit notamment d’une interdiction de sortir de chez soi sauf motif précis et attesté sur un papier qu’on devra pouvoir présenter à des militaires et policiers quadrillant les rues. On n’a jamais vu ça, sauf peut-être en temps de guerre.

Loin de moi l’idée de remettre en cause ou de contester le bien-fondé de ces mesures prophylactiques.

Mais voici qu’une partie d’entre nous, et spécifiquement une partie de la gauche, se met à maugréer sur les réseaux sociaux, au motif non pas des libertés provisoirement suspendues mais du manque de martialité du discours : on annonce ce que je viens d’écrire, avec des circonlocutions mais de façon on ne peut plus claire, mais on rechigne et trouve ça mollasson car il n’y avait aucun képi à l’horizon et le mot “confinement” n’a pas été prononcé.

Quel étrange procès, surtout venant de la gauche, qui est cette partie de nous-mêmes historiquement la plus attachée aux libertés publiques !

Mais au-delà de cela, je suis gêné et peiné par le manque de compréhension des réalités que cette attitude maximaliste dénote chez certains : tout le monde, dans notre pays, n’a pas un métier qui lui permette de télétravailler comme ça ; tout le monde ne peut pas aller se réfugier quelques semaines dans sa maison de famille, à la campagne ; tout le monde n’a pas eu le temps de dévaliser les magasins et de faire des stocks ; tout le monde ne peut pas faire son jogging dans son 200 m². Il y a plein de gens pour qui le confinement sera une vraie épreuve parce qu’ils vivent dans des logements étroits, qu’ils ont des proches qui requièrent leurs soins, des traitements qui exigent qu’ils se déplacent et probablement plein d’autres choses dont je n’ai même pas idée. Et pour ces personnes, le confinement sera une épreuve  : une épreuve absolument nécessaire et qu’il faut absolument accepter mais une vraie épreuve malgré tout et non pas seulement l’occasion de lever le pied. Et que ceux – et tant mieux pour eux ! – qui vivent dans des conditions telles que ce ne sera pour eux qu’un jeu l’oublient est un peu désolant.

Aldor Écrit par :

5 Comments

  1. Le confinement sera d’autant plus éprouvant que nous allons surveiller jour après jour nos états de santé et ceux de nos proches, que nous tremblerons à la moindre toux ou poussée de fièvre. Ca ne va donc pas être précisément des vacances et de la relaxation …

  2. 17 mars 2020
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    Oui, je suis tout à fait d’accord, Aldor. Lorsqu’on a dans son entourage des personnes déjà très malades (qui se trouvent à l’hôpital et auxquelles on ne peut pas rendre visite, accentuant notre impuissance à les aider) et d’autres aussi très fragiles, on ne peut pas vraiment se “réjouir” d’avoir du temps libre et se sentir en vacances. Tout n’est pas si simple, en effet.

  3. Tout n’est pas simple en effet ! Mais arrêtons de râler, ça c’est bien français, et essayons pour une fois de comprendre que chacun peut contaminer les autres, les plus fragiles que soi. Donc restons chez nous parce qu’après tout rester dans ses pantoufles n’est pas si grave !

    • 17 mars 2020
      Reply

      Oui, Catherine, absolument.

  4. celestine
    19 mars 2020
    Reply

    Quoi qu’on fasse, on est toujours peu ou prou critiqué…
    Si on sort quand même, on est irresponsable.
    Si on râle, c’est qu’on n’a pas l’esprit positif
    Si on sourit, c’est qu’on prend ça comme un jeu…
    C’est le propre des situations imposées à toute une population…il y a autant de réactions que d’individus.
    L’essentiel est d’arriver à se débarrasser de ce virus…
    Bisous virtuels cher Aldor
    •.¸¸.•`•.¸¸☆

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