Il a suffi d’à peine deux mois, d’un peu de soleil et du reflux de la maladie pour que soit oubliés tous nos déchirements, tous nos doutes, tous nos serments.
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Dans ce grand désemparement, tout ce qui hier avait été pensé, tout ce qui hier avait conçu, paraît vieux, asséché, périmé, dépassé. Profitons-en pour faire du neuf.
Les regards ne s’échangent plus et encore une fois nous constatons que c’est dans les choses les plus impalpables, les plus apparemment insignifiantes, que réside souvent le plus essentiel, ce sel sans lequel le monde perd sa saveur.
A peine avions nous déclaré que – promis, juré ! – nous tirerions désormais les leçons du passé, que nous nous nous empressons de retomber dans nos travers, emportés par le tourbillon d’un monde qui n’attend pas.
Ne nous précipitons pas, même par crainte de nous-mêmes, vers des solutions préfabriquées, déjà pensées, déjà figées. Probablement sont-elles déjà mortes. Prenons le temps de méditer et d’imaginer.
Il faut, quand on défend un juste combat, se retenir de céder à la tentation de la mauvaise foi, se retenir d’instrumentaliser les drames et les émotions pour servir des causes qui n’ont rien à voir avec ces drames.
Il y a quelque chose de terrible dans ce virus qui nous attaque dans le lien, le contact et le toucher, dans nos gestes de salut, d’amitié et de tendresse, dans nos poignées de mains et nos embrassements, dans la parole qui sort de notre bouche – dans tout ce qui nous fait hommes.
Comment ne pas voir que ce qui est reproché aux autorités n’est en très grande partie que le reflet de nos propres comportements, de nos propres aspirations, de notre propre schizophrénie ?