Pâques


La lettre de la Basilique de Vézelay (ou peut-être de l’Hôtellerie de la Basilique de Vézelay) invite, comme c’est de circonstance, à réfléchir à Pâques et au sens de l’épisode de la Résurrection. Et elle insiste sur l’idée qu’il faut laisser les morts avec les morts, accepter de mourir à soi-même pour renaître à soi-même, accepter de laisser derrière nous ce qui nous empêche de voyager léger, comme le chante joliment Leonard Cohen.

Et c’est vrai que, tous autant que nous sommes, nous avons tant de cadavres dans nos placards mentaux qu’un grand nettoyage de printemps est toujours le bienvenu : tous ces rêves et ces regrets, tous ces espoirs et ces frustrations, toutes ces habitudes et ces rituels, tous ces préjugés et ces conceptions, toutes ces amours et amitiés défuntes, toutes ces maniaqueries et ces croyances, tous ces jugements et ces avis qui ont été vivants et fluides mais que, par commodité et paresse, nous avons laissés se scléroser dans les cases de notre esprit où ils s’entassent désormais, secs et rigidifiés.  Choses mortes auxquelles pourtant nous nous accrochons !

Il est bien nécessaire, le grand nettoyage de printemps. A chaque Pâque, à chaque jour, à chaque instant, balayer la poussière et laisser le souffle de l’esprit balayer nos certitudes et rassurances, comme le font les vents de Saint-John Perse :

Tout à reprendre.

Tout à redire.

Et la faux du regard sur tout l’avoir menée !

Mais à Pâque, c’est de résurrection qu’on parle, et non pas de funérailles. Il ne s’agit pas seulement, il ne s’agit pas essentiellement d’enterrer ce qui est mort ; il s’agit de rendre vie à ce qui était mort, à ce qu’on croyait mort, à ce qu’on avait parfois tué en le rangeant dans les cases du passé et du déjà pensé. Rendre vie, c’est réexaminer tout cela, jeter un regard neuf sur ce qu’on s’était plu à croire définitivement su, digéré, plié.

Rendre vie, c’est interroger nos certitudes.

 

Aldor Écrit par :

Un commentaire

  1. celestine
    17 avril 2020
    Reply

    Ah ton deuxième paragraphe est parfait, tant il dresse la liste quasi exhaustive de tout ce qui empoisonne nos vies et empêche de nous concentrer sur de beaux essentiels.
    Merci Aldor
    •.¸¸.•`•.¸¸☆

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