Quand, étant à vélo et avançant (prudemment, naturellement) parce que le feu est vert, je traverse un passage pour piétons, et que des piétons, justement, s’apprêtent à traverser, leur premier réflexe, presque infailliblement, est de vérifier la couleur du petit bonhomme pour savoir qui, d’eux ou de moi, est dans son tort (et du coup : qui est dans son droit). Et je sais que quand je suis moi-même piéton et que je traverse ou m’apprête à traverser dans les mêmes conditions, j’ai le même réflexe.
Mais je sais aussi, pour l’avoir vu et moi-même vécu que lorsque, au lieu d’un vélo, c’est d’une automobile qu’il s’agit, on ne se soucie plus du droit et des torts : immédiatement, on interrompt son pas ou retourne en arrière pour se mettre à l’abri, sans se soucier de savoir qui, de l’automobiliste ou de nous, a raison.
Cette attitude est bien compréhensible : on ne va pas risquer sa vie pour vérifier son droit ; mais elle laisse un goût désagréable car elle revient à céder au pouvoir du fort et à ne tenir compte du droit que quand on peut l’opposer au faible. Et y a-t-il comportement plus détestable que celui consistant à être faible avec les forts et fort avec les faibles ? À assommer les pauvres d’arguties juridiques quand aux puissants, on cède tout ?
Et c’est pourtant un peu ce que nous faisons dans ce réflexe du regard jeté au petit bonhomme quand c’est un vélo qui passe, et qui n’est pas jeté lorsque c’est une voiture. Nous vérifions scrupuleusement le droit du faible cycliste et nous rangeons respectueusement à la force de la puissante automobile.
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Merci de ces ressentis exprimés ici qui sont souvent sources de réflexions et de débats en familles ou entre potes 😉 On pourrait continuer longtemps sur ce sujet de différents points de vue… et finir par l’exprimer ainsi: devoir de courtoisie et ma force ou respect de l’autre et ma grandeur 😉
Merci Patchcath !