L’épaisseur des êtres


Il y avait, ce printemps et cet été, à l’Hôtel de ville de Paris, une très belle exposition consacrée à Simone Veil, non pas la philosophe dont je parle souvent mais la femme politique. Et en référence aux jolis mots que Jean d’Ormesson lui avait adressés lorsqu’elle était entrée à l’Académie française, elle était intitulée : “Nous vous aimons, Madame”.

L’intérêt et la beauté de cette exposition venaient non seulement de la générosité, du courage et de la grandeur de l’héroïne mais aussi du choix qu’avaient fait les organisateurs de montrer Simone Veil dans toutes ses dimensions, toutes ses vies, toute sa profondeur, toute son épaisseur, sans la réduire à telle ou telle facette. C’est souvent le travers des travaux biographiques que de vouloir faire de toute une vie l’introduction, la conséquence ou le contour d’un événement singulier dont tout découlerait ou à qui tout mènerait. Cette exposition là avait fait le choix de refuser cet enfermement de Simone Veil dans le personnage de la jeune déportée, de la ministre, de la présidente du Parlement europeen pour en dresser un portrait divers, profond et joyeux.

C’est une vie qui nous était montrée, une vie tout entière, dans sa pétillance hétéroclite, son absence de linéarité, une vie riche et vraie et qui ne se nécrosait en rien en cette unicité, cette univocité triste et morbide en laquelle les idéologues et les terroristes de tout poil, nazis en tête, aiment tant réduire les êtres et les existences, en commençant par les leurs.

On pensait à cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry qui, au spectacle de jeunes enfants entassés dans des trains indiens, s’écriait : “C’est Mozart qu’on assassine !”.

Là est sans doute la spécificité de l’homme, de l’être humain, au sein de la création, et sa grandeur : être, chacun, une galaxie, une immensité, une infinité de potentialités ; être chacun un monde.


L’image en tête d’article montre deux numéros de L’Alouette, journal de la Fédération française des Éclaireuses en couverture desquels apparaît la jeune Simone Jacob.

Aldor Écrit par :

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