Bastilles à prendre

La Tour Eiffel pendant le feu d’artifice parisien du 14 juillet 2022

Peut-être nous faut-il des Bastilles à prendre, des citadelles bien réelles à attaquer et à abattre ; des choses plus concrètes, plus précises, plus directement haïssables que ce réchauffement climatique, cet effondrement de la biodiversité auxquels, à chaque instant, chacun d’entre nous prête main forte parce que rien de ce que nous faisons n’est dépourvu de son lot de carbone, de plastique, d’eau salie, de paysages ravagés et d’êtres exploités.

Peut-être nous faut-il, à nous aussi, des Eurasia et des Eastasia, des ennemis bien en chair, bien délimités, bien incarnés, sur lesquels déverser notre honte ; des boucs émissaires à charger de nos péchés, de nos angoisses, de nos colères ; des innocents à qui l’on puisse, comme l’autre, lancer le si apaisant: « C’est ta faute ».

C’est tellement simple, tellement rassurant, d’avoir un coupable !

Mais tellement inutile quand ça n’est pas le bon. Et que le désigner ne sert qu’à détourner nos yeux de nous-mêmes ; à nous voiler la face ; à nous enfoncer dans le déni.

À rendre la prise de conscience impossible.

Nous avons, chacun et tous, nos propres Bastilles, nos propres boîtes à secrets, nos propres oubliettes. C’est d’elles qu’il faut nous occuper avant des Bastilles visibles.

Elles qu’il faut d’abord abattre.


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