Ce qui fait le malheur du rageux, ce n’est pas tant que la fête, dont il avait inlassablement prédit l’échec, soit réussie ; c’est que, victime du syndrome de Cassandre, il ait passé le temps de la fête à chercher ce qui n’y allait pas et à désirer, inconsciemment ou consciemment mais de toutes ses forces et de toute son espérance, qu’un grain de sable ou un malheur arrive pour justifier, pour donner sens et raison à son pessimisme, son scepticisme, sa rage.
Le rageux n’a pas profité de la fête ; il a guetté le trébuchement et, tout à sa veille noire et mesquine, il s’est interdit tout plaisir.
Dans la Cène mise en scène sur la Seine, il n’a vu qu’un sacrilège (mais dans quel monde vit-il ?), et de la Garde républicaine dansant joyeusement sur le Pont des Arts, qu’un affront fait à l’honneur militaire. Affront, sacrilège, humiliation, soumission, le rageux a passé sa soirée à tout comprendre à l’envers et à projeter sur le monde ses fantasmes de persécution et sa vision étriquée des choses.
Il doit être bien malheureux.
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