Podcast: Play in new window Abonnement Google Podcasts | Email | RSS | More
Etant adolescent, je me souviens avoir demandé à mon grand frère et à ma grande soeur s’ils se sentaient adultes, et j’avais été très surpris de leur réponse positive. Il n’y avait pourtant aucun étonnement à ressentir : ils avaient un peu plus de 25 ans pour l’un, un peu moins pour l’autre, et adultes, même si jeunes adultes, oui, ils l’étaient. Mais j’avais été très profondément surpris, au point que cette scène, qui se déroulait dans une rame de métro arrêté à la station Miromesnil, est parfaitement claire dans ma mémoire.
Ils se sentaient adultes, donc, mais ce que je voyais et connaissais d’eux ne correspondaient pas à mes critères, dont je ne sais lesquels ils étaient.
Bien de l’eau, depuis, a coulé sous les ponts. Les critères de l’adulte, je les remplis aujourd’hui tous, et largement, et plus encore qu’il ne faut. Adulte, je le suis, sans le moindre doute. Et pourtant…
Et pourtant, si je remplis sans aucune ambiguïté les critères de l’adulte, il y a au fond de moi quelque chose, ou plutôt une absence de chose, qui fait que je ne m’en sens pas tout à fait, voire pas du tout, les attributs : une certaine inépaisseur, du flottement – c’est le terme qui me vient le plus souvent – , un manque de substance, l’impression, dont j’ai déjà parlé, de voguer un peu au fil des choses comme un bouchon de liège sur le grand océan, de n’avoir pas de fond, ou de quille pour me stabiliser : je bouchonne plus que je ne flotte.
J’ai en tête, peut-être à tort, comme modèle de l’adulte, l’image du médecin de famille : cet homme à la voix posée qui dit des choses justes et à qui l’ont fait confiance parce qu’il a l’expérience et tous les dehors de la sérénité. Eh bien ! je ne me sens rien de commun avec cette homme là. Je voudrais y ressembler, du moins je le crois, mais rien n’y fait.
A la réflexion, toutefois, veux-je vraiment, et de tout mon être, y ressembler ? Je n’en suis finalement pas si sûr. Il y a, quelque part en moi, une réticence : quelque chose, en moi, refuse. C’est précisément là qu’il faut que je creuse.
[…] je repense à ce que je disais des attributs de l’adulte, je me dis qu’il est peut-être temps d’inverser l’ordre des facteurs, de […]
Je repasse par ici. Décidément, cette improvisation me touche…
Il y a là quelque chose d’important. Mais je pensais que votre foi vous évitait ces affres du flottement et de l’incertitude. Qu’elle vous ancrait, vous donnait le sentiment d’avancer sur le bon chemin, avec cette force qu’on voit à l’oeuvre chez les mystiques…
Dans mon esprit (mais vous avez compris que je parle de l’extérieur), croire permettait de savoir, d’enfin plonger dans l’unité, de dépasser les errements…
Hélas je suis une femme de peu de foi ! La conversion est toujours à recommencer. 🙂
… Que tout ne soit pas terminé et figé, je m’en doutais. Mais je pensais qu’il y avait tour de même un avant et un après et que, même dans le brouillard, le pied était plus assuré. Comme l’intuition des chevaliers Jedi (je suis un peu gamin, vous le savez, c’est l’objet de cet article…).
Et vous avez raison de penser cela. Sans la foi je serais certainement plus à la dérive. Il n’empêche que je me reconnais dans votre improvisation – affaire se tempérament que la conversion n’a pas trop changé. Je crois que c’est lié à des considérations professionnelles aussi. Le fait de ne pas poursuivre de carrière en ce moment n’aide pas.
Lorsque j’avais 15 ans, cela m’énervait car ma mère et ma grande soeur m’appelaient “la petite”, alors que je me sentais très adulte. Et maintenant que j’ai 60 ans et des poussières, je ne me sens pas adulte, je sens toujours la petite fille au fond de moi, la petite fille et ses rêves. Cela me fait d’ailleurs bizarre lorsque mes petits-enfants me disent que je suis vieille, moi qui ai encore en moi ce coeur de petite fille…