Rien n’est jamais acquis (et tant mieux)

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Ce qui est à la fois lassant et extraordinaire, plus extraordinaire que lassant, c’est la force de l’entropie, le fait que, même dans les relations humaines et sociales, dans nos comportements, nos façons d’être et de travailler, il faille toujours reprendre les choses, les remettre à plat, les repenser, car dans le cas contraire, elles se dégradent.

On pourrait penser qu’une fois la bonne méthode acquise, la bonne technique rodée, le bon geste appris, le bon réflexe intégré, les choses pourraient aller comme ça, avancer tranquillement, poussées par l’inertie et la seule force de l’habitude. Mais non : l’habitude et l’inertie ne tracent pas une ligne droite sur laquelle hier, aujourd’hui et demain seraient horizontalement alignés ; il dessinent une droite (ou une courbe, je-ne-sais) descendante. Quand elles sont laissées telles quelles, les choses ne demeurent pas telles quelles, elles se dégradent, se dissolvent, s’émiettent, se désagrègent.

Quand, à l’attention première, à l’émerveillement initial, au soin extrême des premières fois, se substitue, silencieusement, presque insidieusement, l’habitude et la routine, les choses peuvent paraître semblables, identiques, similaires. Et pourtant, tout est changé. L’apparence est la même, ou presque mais la chose a été vidée de son sens, de sa jeunesse, de sa vérité, de sa grâce.

La première fois qu’on découvre cela, quel que soit le domaine dans lequel cette découverte est faite, c’est assez terrible. Et attristant, d’une certaine façon. On tombe de haut.

Puis vient le temps où l’on comprend qu’on peut lutter contre cette sorte d’entropie en se forçant, soi-même (mais souvent aidé et poussé par les autres), à se reprendre, à se réinterroger, à remettre en cause ses façons, à réinjecter de l’attention, à se réinitialiser en quelque sorte, constamment et incessamment.

Ne pas se reposer sur ses lauriers, de quelque nature qu’ils soient, comprendre – complètement, absolument – que rien n’est jamais acquis, qu’il faut toujours, toujours et toujours être là.

Je le disais au début : cela a un côté lassant, car on ne peut jamais se reposer, jamais souffler, jamais laisser les choses aller d’elles-mêmes.

Mais c’est surtout extraordinaire. C’est ce qui donne son sel à la vie.


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5 Comments

  1. 16 février 2017
    Reply

    Oui, les choses ne restent jamais en l’état, elles nous forcent à évoluer avec elles ou contre elles.
    C’est un très bel article !

    • 16 février 2017
      Reply

      Oui. C’est vrai. C’est inconfortable et bien. L’un et l’autre
      L’un parce que l’autre.

      • 16 février 2017
        Reply

        Oui, c’est bien de ne pas trop s’encrouter dans des habitudes.

  2. 22 février 2017
    Reply

    Tout est en mouvement en permanence. Les boudhistes parlent d’impertinence.

    • 22 février 2017
      Reply

      Merci de votre remarque, Kathou… mais… ne serait-ce pas plutôt “impermanence” ?

      En tous les cas, l’idée est bien celle-là.

      Et merci de votre visite.

      Bonne journée.

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