En passant devant Saint-Augustin


 

Inspiré par la neige qui tombait ces derniers jours à Paris, j’ai modifié mes habitudes et viens et reviens du bureau  à pied. C’est une longue promenade, mais elle est belle et agréable dans la capitale revêtue de blanc.

Hier soir, j’ai changé le trajet ordinairement suivi et suis passé par Saint-Augustin, cette grande église construite par Baltard (et non par Gustave Eiffel, comme je le prétends à tort…) au cœur du VIIIème arrondissement.

Saint-Augustin, cela éveille plusieurs choses en moi : Augustin, tout d’abord, le Berbère, ce père de l’Eglise dont l’intelligence et la puissance de travail me fascinent mais pour qui je n’ai finalement pas une grande sympathie.

Charles de Foucauld, sculpté par Michel Averseng

Saint-Augustin, c’est aussi cette grande église, dont le haut dôme se voit à travers tout Paris, et qui fut le lieu où Charles de Foucauld trouva la foi et se convertit.

Charles de Foucauld, je l’ai d’abord connu pour son journal de la traversée du Maroc, écrit dans les années 1880, cet extraordinaire récit d’un Maroc alors terre inconnue dont il décrit avec minutie les paysages et les personnages, révélant un monde superbe. Et puis, revenu à Paris, Charles trouve la foi dans cette église et tourne le dos à sa vie très dissolue pour devenir le Charles de Foucauld des légendes, ce père blanc s’élevant contre sa hiérarchie pour aller porter la religion et le secours dans les déserts oubliés des hommes en Algérie, au Maroc, en Palestine. Un homme plein de force mais plein d’orgueil aussi me semble-t-il malgré ses serments d’humilité, un homme dur, et d’abord vis-à-vis de lui-même, menant une vie d’autant plus rude que sa jeunesse fut dissolue mais qui, lui aussi, fascine. Et mon oncle, Michel Averseng, avec lequel j’en ai parlé, admire cette grande figure qu’il a sculpté (en pied et non en buste comme je le déclare par erreur), mêlant à la raideur du corps l’inclinaison plus humble de la tête. Et à chaque fois, Saint-Augustin éveille ce souvenir en moi : Charles de Foucauld, sa conversion, cet homme portant sa bure dans le désert et mon oncle qui l’a ainsi représenté.

Et puis hier soir, quand je suis passé devant l’église, les lumières étaient étranges. Je sais que la cellule sensible de mon téléphone rend les couleurs d’une autre façon que l’œil mais je sentais, à l’œil, qu’une photo pouvait être tentée malgré la nuit tombée. Ce que je fis.

Et la photo, effectivement, est étrange : les nuages qui forment le fond de la scène apparaissent verdis ;  la croix, tout en haut du dôme, est comme illuminée ; la lumière orange du réverbère à lampe de sodium jaillit comme en rayons d’un lampadaire pourtant invisible, et certains de ses rayons croisent sur leur chemin, de petites feuilles ou de petites branches qui éclatent comme des étincelles. Et l’on croirait voir, dans la nuit parisienne, le tableau d’un miracle sur fond d’église russe !

https://www.flickr.com/photos/aldor/28392080319/
L’église Saint-Augustin

 

Aldor Écrit par :

6 Comments

  1. 10 février 2018
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    Photo à l’atmosphère exceptionnelle, Aldor … mystérieuse et un brin inquiétante. J’en conclu que la marche est profitable !

  2. 10 février 2018
    Reply

    Minas Morgul ! 🙂

  3. 10 février 2018
    Reply

    Très beau cadrage, Aldor, et des couleurs étranges et belles… Merci!

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