Menu
Improvisations
  • A propos
  • Aldor (le blog)
  • Lignes
  • Images
  • Promenades
  • Qui suis-je ?
    • Accueil
    • Newsletter
Improvisations

Le sourire de Gabriel

Posted on 12 juin 201913 juin 2019
https://improvisations.fr/wp-content/uploads/20190612sourires.mp3?_=1

Il y a le sourire de Gabriel, qu’on voit planer sur les lèvres de l’ange de l’Annonciation, par exemple sur cette jolie statue rencontrée à Dixmont, sur le chemin de Vézelay.  Ce sourire, qui est aussi celui du Ravi des santons de Provence, émane de l’intérieur et n’est destiné à personne. Il est la manifestation d’un état intérieur et exprime seulement le plaisir, le bonheur, le contentement d’être là, de voir ce que l’on voit, de vivre ce que l’on vit. C’est une pure grâce.

L’ange Gabriel sur le porche de l’église Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Dixmont

Il y a le sourire d’intention. C’est le sourire social. Celui de l’accueil, de la prière, du remerciement et de la bienveillance. C’est le sourire du lien. Le sourire qui montre notre souhait d’entrer en relation, ou d’y demeurer, comme le faisait cette oratrice, dans un colloque, l’autre jour, qui ponctuait ses phrases de sourires. Non pas pour séduire, comme le pensent les grossières gens, mais pour poursuivre et entretenir le lien, même quand les paroles étaient de négation. Ce sourire là est une autre façon de pencher gentiment la tête vers notre interlocuteur pour montrer notre attention et nos bonnes intentions. C’est le sourire que Quentin de La Tour a mis sur le visage d’Alembert, quand il en a fait le portrait.

Jean d’Alembert peint (au pastel !) par Maurice Quentin de La Tour

Ce peut-être un sourire faux et hypocrite,  commercial. Mais c’est le plus souvent un sourire vrai, qui montre simplement, d’une façon à la fois très humaine et très animale, notre plaisir de cette relation partagée et notre désir de la poursuivre.


Il peut enfin arriver qu’on désire montrer, faire voir, afficher le premier sourire, celui qui n’est fondamentalement destiné à personne et dont la valeur, le charme, la magie, résident dans la discrétion,  l’inconnaissance.

C’est dans ce mélange des genres et des fins, dans cette pose, dans cette démonstration de ce qui devrait demeurer secret que la mauvaise foi se fraie un chemin : on ne se contente plus d’être, on veut montrer qu’on est, comme ces adolescents (ou plus vieux encore…) qui prennent, devant l’objectif du photographe, un air plein de mélancolie, un air affecté. On manipule,  on instrumentalise, on prostitue alors un peu la grâce,  qui devient un instrument détourné d’autopromotion. On est plus dans l’être mais dans le paraître, dans la représentation – et cela ne vaut plus rien.

Partager :

Articles similaires

  • Echanger un sourire
  • 1 octobre 2019
  • Le superflu et l'essentiel
  • 30 mars 2019
  • La puissance
  • 5 décembre 2018

3 thoughts on “Le sourire de Gabriel”

  1. laboucheaoreille dit :
    12 juin 2019 à 14 02 50 06506

    Ce portrait de Quentin de La Tour est merveilleux. Disons, à propos du sourire, qu’il est aussi une convention sociale (par exemple, pour se saluer) et qu’il est souvent de pure façade. Mais quand il vient du cœur il fait du bien !

    Répondre
  2. Gilles Labruyère dit :
    12 juin 2019 à 20 08 10 06106

    Je pense que le sourire fait du bien, même quand il est un peu forcé. Sourire, Aldor.

    Répondre
  3. aline angoustures dit :
    12 juin 2019 à 21 09 57 06576

    Merci pour cette belle réflexion et ce magnifique portrait, si bien choisi qu’on reçoit votre article comme un sourire de plaisir de partager.

    Répondre

Laisser un commentaire Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Méta

  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • Site de WordPress-FR

S'abonner au blog

Saisissez votre adresse e-mail pour vous abonner à ce blog et recevoir une notification de chaque nouvel article par email.

Rejoignez les 337 autres abonnés

Chercher

Traduire

S'abonner au Podcast

Apple PodcastsGoogle PodcastsAndroidby EmailRSSMore Subscribe Options

Lignes

Camille

Ce matin, Descendant ma poubelle, J’ai croisé dans ma cour Une fausse Camille, un peu vieillie. Elle avait cette perruque noire, Qu’elle porte dans Le Mépris Cette bouche boudeuse, Ces yeux désabusés. C’est la perruque que j’ai vue d’abord, Puis cette bouche, puis ces yeux, Ces yeux si tristes, si effrayants D’être de tout revenus, […]

L’écologie n’est pas une question économique

Penser la résolution de la crise écologique en termes économiques est peut-être un moyen de toujours échouer, la pensée économique étant justement une des principales causes de la crise écologique.

Cheminements de la mémoire

Dans une rue pavée d’Amsterdam, non loin de la vieille église, un restaurant au décor moderne où Katia et moi avons un jour déjeuné. C’est cette image, surgie de nulle part, qui s’est imposée à moi ce matin tandis que mes doigts recueillaient, dans son récipient noir, une noix du savon à la belle couleur […]

Envie

Peut-on, quand la nuit vient, ne pas vouloir – peut-onNe pas vouloir atteindre les étoiles ? Peut-on, sur le rivage assis, face à la mer,Ne pas rêver à l’horizon, là-bas,Où le soleil, tout à l’heure, a surgi ?

Singularité

Pour devenir quelque chose le dé Doit renoncer à être tout. Un deux trois quatre cinq six ont des chances égales Et pourtant ! Un seul nombre à la fin sortira. Les cases dans la grande roue de la grande loterie Sont, au début du jeu, d’une même égalité Et pourtant ! A la fin […]

Images

La marcheuse du Pont des arts

Feuille morte dans l’eau

Anges un peu déchus

Poubelles

Tuyauteries

Aldor (le blog)

Shangri-La ou l’éloge de la modération

La modération de Shangri-La n’est pas un scepticisme généralisé mais plutôt une façon de reconnaître l’imbrication des choses et l’impossibilité dans laquelle nous sommes le plus souvent – même si pas toujours ! – de distinguer non pas le mal du bien mais le tracé exact de la ligne les séparant.

Read the postShangri-La ou l’éloge de la modération

Le mépris, le déni et le monde qui se délite

Le mépris, d’Alberto Moravia, raconte la progressive découverte, par un homme, de ce qu’il sait déjà, de ce qu’il sait depuis le début. C’est le récit d’un déni qui s’achève, pareil à celui que nous ressentons face au monde qui s’abîme, le voyant se déliter sans cependant y croire vraiment, écartelés que nous sommes entre l’aveuglement, le refus de la culpabilité, une précoce nostalgie et une trop tardive espérance.

Read the postLe mépris, le déni et le monde qui se délite

L’aplatissement du monde

Celui qui n’a pour seul outil qu’un marteau ne peut qu’inlassablement taper ; et les sociétés qui n’ont comme moyen d’évaluation des êtres et des choses que l’argent ne peuvent que les exploiter, les piller si elles le peuvent.

Read the postL’aplatissement du monde

Jeanne, Charlotte et les autres

Ce sont quatre photos prises au même endroit. Dans les trois dernières, je reconnais Jeanne ; je ne la reconnais pas dans la première. Ou peut-être est-ce la petite fille dans l’ombre. Dans l’ombre, probablement, de sa grande sœur Charlotte.

Read the postJeanne, Charlotte et les autres

L’épaisseur du monde : la pensée écologique, de Timothy Morton

L’épaisseur du monde, c’est la conscience d’une interaction difficile : tout est imbriqué dans ce jeu de billard à mille bandes où volent des effets-papillons et où les choix ne sont simples que pour ceux qui ne voient que la surface des choses.

Read the postL’épaisseur du monde : la pensée écologique, de Timothy Morton
©2019 Improvisations | Powered by SuperbThemes & WordPress