La rougeur du coquelicot


Je mes suis promené, ces dernières semaines, dans la campagne bourguignonne, où il y avait plein de coquelicots. Certains isolés, ou poussant par bouquets au bord des routes ; d’autres formant de grands champs splendides sous le soleil.

 

Le coquelicot est magnifique. Et quelle stupéfaction de voir tant de rougeur sortir d’une graine si petite et si noire ! Une graine toute noire, toute noire et toute petite, et qui, jetée dans la terre noire, fait jaillir d’elle cette longue tige verte d’où sortent enfin, comme des ailes, ces grands pétales légers à la couleur si belle !

Je sais bien que tout cela obéit aux lois décryptées et connues de la génétique ; je sais que la rougeur des pétales est inscrite quelque part dans les spirales de l’ADN et des chromosomes contenues dans la graine. Je sais qu’on peut, pas à pas, comme dans un algorithme, lire le programme qui commande le développement de cette splendeur. Je le sais ou, plutôt : je sais qu’on le sait.

Je sais aussi que cela vaut pour toute vie, pour toute naissance, végétale ou animale, et aussi pour les étoiles, le sable, les galaxies, les nuages et les scarabées d’or : la science sait et peut justifier des choses de ce monde.

Mais cette rationalisation, qui permet à l’homme tant de choses, qui lui donne tant de clés et qui est tellement admirable, tellement prodigieuse, elle aussi, est également une forme de rassurance : pouvoir dire du coquelicot que le rouge sang de ses pétales est inscrit dans les gênes de sa graine, cela nous rassure. On peut avoir l’illusion de maîtriser et de comprendre le sens des choses sur lesquelles on sait placer des mots.

Mais c’est évidemment une illusion. Au bout du compte, de tout cela, on ne comprend rien. Pas plus de la rougeur des pétales du coquelicot que de la beauté d’une femme ou de quelque cause finale que ce soit : le Big Bang lui-même est toujours au-delà de notre horizon.

C’est pourquoi la beauté du monde, la beauté de la création, comme celle du coquelicot, restent à jamais un miracle, devant lequel nous sommes comme le Ravi.

 

 

 

Aldor Écrit par :

2 Comments

  1. Je suis comme toi, émerveillée et parfois même stupéfaite de la beauté de ce monde.
    Bonne fin de journée Aldor. Amitiés 😊

  2. 22 juin 2019
    Reply

    Mais que j’aime ce billet !
    J’aurais pu en écrire chaque ligne tellement je pense comme toi
    Merci Aldor pour cette belle leçon d’émerveillement
    •.¸¸.•`•.¸¸☆

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.