Est-ce pour cela que le calcul infinitésimal à été inventé ? Pour trancher qui, de Dieu ou d’Abraham a raison, quand le premier semble penser qu’un pleur d’enfant suffit à condamner le monde ; et que le second rétorque qu’un sourire de jeune fille devrait suffire à le sauver.
Étiquette : création
Cela valait-il la peine, ce travail de six jours et six nuits ; cela valait-il la peine si c’est pour qu’au bout du compte, quelque part à Sodome ou ailleurs, une petite fille où un vieillard pleure de la souffrance qui lui est infligée ?
On pourrait penser que, depuis les millénaires que nous gravons, peignons, écrivons, composons, construisons, tout a désormais été dit, pensé, représenté, chanté, construit ; que nous ne pouvons que répéter ou singer ce que d’autres, avant nous, ont conçu et créé. Mais il n’en est rien : notre inventivité, notre capacité à créer du neuf et du beau est intacte, sinon même étendue par l’inspiration qui naît de la contemplation, de la confrontation aux œuvres passées ; loin de s’en épuiser, notre imagination s’accroît de tout ce qui est créé.
C’est dommage de gâcher cette chance, de perdre cette occasion. Dommage de n’avoir pas su apprécier les merveilles au sein desquelles il nous avait été donné de vivre, et de devoir, par notre faute, quitter ce jardin en le laissant abîmé.
Pour vivre, il faut s’arracher
À la contemplation des choses ;
Pour vivre, il faut dédaigner ;
Faire comme si de rien n’était
Qu’elle soit nue, revêtue de peau d’âne ou de peau d’homme, c’est toujours Iphigénie qui paie le prix des guerres, et toujours l’innocence qu’on sacrifie.
Mais sans mots pour décrire la profondeur des gouffres,
La fraîcheur de l’eau ou l’éclat des étoiles,
Sans mots pour raconter la douceur de la brise,
Le parfum du jasmin et la splendeur des choses,
Sans mots pour conjuguer le verbe aimer,
Quelque chose, à jamais, manquera : un gâchis.
La beauté du monde, la beauté de la création, comme celle du coquelicot, restent à jamais un miracle, devant lequel nous sommes comme le Ravi.