Last updated on 13 février 2020
On peut croire vouloir la liberté et n’être mu, en fait, que par l’angoisse de la contrainte. On peut clamer sa soif d’indépendance et n’être au fond guidé que par la peur panique de l’imprévu, cet imprévu suprême qu’est l’amour de l’autre qui nous prive du contrôle complet que nous voudrions avoir sur notre vie. On peut vouloir être original et n’être jamais qu’un excentrique.
Les deux mouvements se ressemblent tellement ! On peut facilement s’y laisser prendre et ne pas prendre garde au fossé qui sépare un élan positif d’une fuite négative.
Peut-être même était-ce d’abord le positif, le digne désir de liberté, qui nous avait animé avant que, par un de ces retournements dont la vie est faite, il ne se mue tout seul, ou par paresse, ou par confort, en ce presque contraire qu’est la fuite devant ce que nous ne maîtrisons pas, le simple souhait de ne devoir rendre des comptes à personne.
Peut-être – allons plus loin – cette ambiguïté des volontés et des désirs, cet entremêlement sans fin du positif et du négatif est-il, comme Denis me l’apprenait l’autre jour, une des manifestations du péché originel, de cette ambivalence intrinsèque de l’homme dont Paul de Tarse constatait qu’il fait le mal quand il veut faire le bien.
Et peut-être même cette si surprenante vibration des choses, basculant toujours du positif au négatif, du bien au mal, n’est-il que l’écho de la structure du monde où toute lumière appelle l’ombre.
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