La planche à billets de la réflexion


Le Haut conseil pour le climat (HCC) a récemment rendu son avis sur le projet de loi Climat et résilience, dont j’ai déjà parlé, qui entend mettre en œuvre les propositions de la Convention citoyenne pour le climat.

C’est un document très bien fait : synthétique, agréablement rédigé, pertinent, qui dit des choses intéressantes, soulignant par exemple à juste titre l’emploi, déplacé ici, du terme résilience.

Mais ce document arrive en sus de l’avis rendu sur le même texte par le Conseil d’État, de celui livré par le Conseil économique,  social et environnemental (CESE), de l’exposé des motifs rédigé par le gouvernement, du dossier de presse réalisé par ce dernier, et de la très volumineuse (564 pages !) étude d’impact réalisée par les services du ministère. Et on sait que, dans les semaines prochaines, viendront s’ajouter à cela les probablement excellents rapports produits par les commissions ad hoc de l’Assemblée nationale et du Sénat.

 “N’en jetez plus !“, serait-on tenté de dire. A moins que je ne sois le seul à trouver gênante cette surabondance de documents dont la qualité individuelle n’est pas en cause mais dont la masse finit par étouffer.

C’est comme un musée à l’ancienne mode dont les murs seraient couverts de tableaux, chacun étant admirable mais perdant ses qualités au milieu des autres. Ou comme cette façon que nous avons désormais de traiter par dessus la jambe les photos que nous prenons, au motif que la numérisation nous permet d’avoir à elles un accès total et immédiat et qu’il n’est donc plus nécessaire de les sélectionner. Si bien qu’aussi belles soient-elles, nous finissons par les négliger.

La numérisation nous permet d’avoir à disposition, sur l’écran de notre ordinateur ou de notre téléphone, des documents et des informations d’une très grande qualité. Mais paradoxalement, elle permet aussi que l’information soit finalement émincée,  émiacée, noyée par masse et par trop-plein.

Comme si, injustement, la planche à billets de la réflexion s’était emballée et fabriquait de la fausse monnaie.


La photo montre la vitrine d’une de ces boutiques parisiennes spécialisées dans les articles touristiques, et qui les alignent à la vue des passants, l’harmonie (un peu militaire) de l’ensemble se substituant avantageusement à la laideur individuelle. Elle a été prise rue du Renard.

Aldor Écrit par :

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