Nos désirs sont oxymoriques : bien souvent, le plus souvent peut-être, nous désirons une chose, une personne, et simultanément son contraire ou son presque contraire : la maman et la putain, la tranquillité et l’émotion, le calme et la tempête, la sobriété et le luxe, la pesanteur et la grâce.
Nous savons que les choses les plus intéressantes, les plus passionnantes, celles qui valent vraiment la peine d’être suivies et vécues, sont celles qui recèlent en leur sein une vibration, une palpitation, une possibilité de basculement, d’inversion, comme dit l’Abel Tiffauges du Roi des Aulnes ; cette qualité particulière des choses et des êtres qui fait qu’au bout du chemin, un retournement se profile, qui au lieu de fermer la voie, ouvre sur un nouveau monde : au cœur de la nuit, le jour ; au fond de soi l’universel, et dans le grain qui meurt la vie qui renaît.
Cette vibration des choses, qui est comme le sel ironique et joyeux de la vie, nous la recherchons et voulons la trouver aussi dans les personnes. Nous la cherchons non comme une contradiction qui les affaiblirait, mais comme une profondeur, un diamant caché au fond de l’être et qui l’épaissit, même si Katia n’aime pas ce terme, lui donne consistance. Nous n’aimons pas les être plats et qui paraissent tout livrer du premier coup d’œil mais sommes mystérieusement attirés par ceux chez qui on devine des doubles-fonds, des talents secrets, des qualités demandant à être dévoilées.
C’est dans la sexualité, naturellement, que cette recherche oxymorique est la plus évidente mais elle est partout présente. Rien ne nous charme plus que cet understatement absolu des êtres que nous aimons, qui nous donne l’impression d’être celle ou celui qui a su découvrir, à force d’amour, de complicité, d’attention, le diamant caché au cœur de la pierre grise, la lueur que nul avant nous n’avait vue, le trésor par nous mis au jour.
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