Mixité

L’entreprise où je travaille incite actuellement ses salariés à réaliser un test sur les attitudes sexistes et les biais cognitifs relatifs aux femmes et aux hommes : une suite de petites saynètes où l’on voit interagir entre eux, souvent de façon caricaturale, des personnes des deux sexes, suivie de quelques questions où chacun doit dire ce qu’il aurait pensé ou fait dans cette situation ou dans une autre.

À chaque question est associé ce qui est présenté comme la réponse adéquate, et la morale, assez lourdement martelée, qui ressort de l’exercice, est que toute conception dans laquelle hommes et femmes ne sont pas strictement identiques, toute représentation considérant les deux sexes comme ayant des façons d’être, des sensibilités, des comportements, des désirs, des plaisirs, des centres d’intérêts différents, relève en fait d’une vision sexiste et de biais cognitifs.

Une question, alors, se pose : si hommes et femmes sont strictement identiques, s’il n’existe entre eux aucune différence, pourquoi veut-on instaurer plus de mixité au sein des équipes, des entreprises, des cercles dirigeants ?

Je crois, moi, que pour diverses raisons, notamment culturelles, éducatives et historiques mais pas seulement, hommes et femmes sont différents. Pas forcément à l’échelle individuelle mais de façon collective. Hommes et femmes ont généralement des perceptions, des sensibilités, des façons de faire, des aspirations différentes. Pas forcément, pas à tous les coups, mais le plus souvent. Et c’est pour cette raison que la mixité est un enrichissement. Parce qu’elle permet à un groupe d’élargir son champ de vision et d’action, sa compétence.

Mais quel sens la mixité a-t-elle si l’on considère, comme l’assenait mon test avec ses gros sabots, qu’hommes et femmes étant strictement identiques, les mêler n’apporte aucune diversité, aucun enrichissement, qu’elle ne fait qu’ajouter du même au même ? Pourquoi la mixité si hommes et femmes sont identiques ?

La photo a été prise à Marrakech. L’une des beautés des petites rues de cette ville est la diversité des couleurs qui s’y côtoient et ne s’y confondent pas.

Aldor Écrit par :

8 Comments

  1. 4 mai 2021
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    Je pense que tu as raison. Nous ne sommes pas identiques et le prétendre est très étrange. Seulement le problème est quand on t’explique ce que tu devrais être en fonction de ton sexe. Mais entre lutter contre des visions réductrices des sexes et affirmer qu’ils sont identiques, il y a plus qu’un pas !

    • 4 mai 2021
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      Je sais Frog, je sais. Et j’avais bien compris la position initiale de Joséphine, dans notre longue discussion du début d’année, qui était un peu difficile, parfois. Bien sûr qu’il ne faut pas mettre dans des cases mais cette pensée qui considère que l’indifférenciation est le sommet de toute choses est tellement appauvrissante !

      • 4 mai 2021
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        C’est comme si on était incapable de nuance – soit on est dans des cases, soit on est identique. Sans compter les mille contradictions des discours sur le genre qu’on entend, non ps émanant de tenants de positions adverses, ce qui ferait sens, mais dans les discours des tenants d’une position. C’est épuisant. 🙁

        • 5 mai 2021
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          Oui, tu as raison. Cest un sujet semé de préjugés, de précautions oratoires, de non-dits, et où l’on s’enferre dans des contradictions et du jusqu’au-boutisme. Et d’un autre côté, plaider la simple évidence ne suffit pas toujours.

  2. 4 mai 2021
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    Et ces ateliers… je me demande s’ils ne sont pas contreproductifs, non ps seulement parce qu’ils sont caricaturaux, mais parce qu’ils n’invitent pas à penser, observer, d’après ce que tu en dis.

    • 5 mai 2021
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      Oh ! Je pense qu’ils peuvent donner à penser mais qu’ils peuvent également conduire à douter de ce qui est juste. Je dirais que c’est leur manque de nuance qui est gênant : autant la discrimination positive me paraît acceptable et même bienvenue dans les actes pour redresser des déséquilibres historiques ; autant elle me paraît néfaste et inhibante dans les idées car elle combat du faux par un autre faux et on n’en sort pas.

  3. celestine
    10 mai 2021
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    Mais comment peut-on encore tomber dans cette simplification schématique du combat féministe ? C’est décevant.
    Bien sûr que les hommes et les femmes sont différents. Ils ont, comme tu le dis si bien, « des façons d’être, des sensibilités, des comportements, des désirs, des plaisirs, des perceptions, des façons de faire, des centres d’intérêts différents ». Mais le seul point sur lequel ils devraient être considérés comme identiques ( et c’est le plus important pour moi) c’est celui du droit. C’est dingue qu’en 2021, les hommes et les femmes ne soient toujours pas égaux en droits. Droit au travail, droit au même salaire à travail égal, droit au respect dans l’entreprise, etc.
    Les femmes et les hommes féministes ne se battent que sur ce plan-là. Le reste, c’est des querelles de chapelles. Je revendique pleinement mon droit d’être une femme différente des hommes, mais égale en droits.
    Bisous Aldor
    •.¸¸.•`•.¸¸☆

  4. celestine
    14 mai 2021
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    Je vois que mon commentaire t’a laissé sans voix…
    😁😁😁

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