Si je devais, moi, protéger les hommes, les faibles hommes, de la concupiscence et des errements que suscite en eux la vue et l’existence même des femmes, je ne me contenterais pas de demander à celles-ci de cacher leurs cheveux.
Étiquette : femmes et hommes
Dans ce livre extraordinaire, fascinant de finesse et d’intelligence qu’est Le deuxième sexe, Simone de Beauvoir a cette formule : “Tout homme ressuscite plus ou moins le roi Candaule : il exhibe sa femme parce qu’il croit ainsi étaler ses propres mérites”.
Les qualités, comme les défauts, n’ont ni sexe ni genre. Leur en attribuer un, c’est à la fois contraindre un sexe au respect d’une qualité donnée et inciter l’autre à ne s’en pas soucier. Et cela d’autant plus que que notre culture est, depuis les premiers mythes, fondée sur l’accentuation, l’exaltation de la différence homme/femme.
Comment ne pas finir par éprouver le vertige, un malaise profond, devant le défilé sans fin de ces femmes, de ces enfants parfois, qui se plaignent d’avoir été abusées, contraintes, violées par des hommes ?
la différenciation Homme/Femme, qui ne recouvre pas exactement la différenciation Mâle/Femelle, est au cœur de nos sociétés, de de nos cultures, de nos civilisations humaines ; au cœur de l’humanité, et cela depuis toujours et quelle que soit la forme que prenne cette différenciation, quels que soient les rôles assignés aux uns et aux autres.
L’homme dont parle la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen n’est pas du tout l’homme générique, l’humain, le représentant de l’espèce ; c’est le mâle, le masculin, l’homme sexué, l’homme qui se différencie de la femme en ceci justement qu’il a des droits et le statut de citoyen.
Représenter des femmes, ou montrer des femmes et des hommes, n’est pas si neutre et ne va pas si de soi que ça. C’est toujours, en effet, prendre le risque de réveiller ou de faire la part belle à cette assignation des femmes à leur corps, si puissamment ancrée en nous.
On peut, comme les constructeurs et les sculpteurs des cathédrales, comme la foule des artistes anonymes, considérer que l’ombre vaut mieux parce qu’elle révèle l’œuvre et qu’il y a plus de dignité, d’honneur et de satisfaction dans l’humilité que dans la course au renom. Peut-être le désir de gloire n’est-il finalement qu’un travers masculin.
Si hommes et femmes sont strictement identiques, s’il n’existe entre eux aucune différence, pourquoi veut-on instaurer plus de mixité au sein des équipes, des entreprises, des cercles dirigeants ?
Certains considèrent le corps comme une enveloppe extérieure qui recouvrerait un pur esprit en forme d’ange. Ce que je ressens moi-même, c’est au contraire que le corps n’est pas un autre mais que nous sommes notre corps, notre corps sexué, et que quand nous ne trouvons pas en nous-même cette unité fondamentale, notre douleur est profonde.