Il y avait le goût, le désir, la tendance, l’inclination, le penchant, l’amour, éventuellement, mais c’est désormais l’appétence seule qui demeure, traînant de note de travail en conversation de machine à café, se répandant de bureau en salle de réunion, sautillant de discours en planches de présentation, dégoulinant des plans d’action pour envahir les revues stratégiques.
Ah ! L’appétence ! Qu’elle est belle et légère, aérienne, délicate ! On est loin de la grossièreté charnelle et intestinale de l’appétit et du désir ! On est dans la nuance et la grâce de l’euphémisme, de l’effacement progressif du sens, celui qui, à explique, préfère explicite, au répond, préfère adresse, et au bonne préfère belle. Ne pas heurter, ne pas affirmer, s’évanouir.
Honnis soient les dinosaures de l’envie, du désir ! Cachez ce goût que je ne saurais voir !
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Un bien joli mot…!
C’est vrai que c’est un joli mot. Mais il est bien mal utilisé et tellement à la mode que je l’ai pris en grippe.
Juste à l’apprivoiser à nouveau. 🤗
J’adore ce billet !
C’est tellement vrai.
On vit un époque où l’on prend un mot, et on l’use jusqu’à la trame.
On ne dit plus problème, mais problématique.
Il y a aussi l’efficience, à la place de l’expertise, et la gouvernance…
Bref, le snobisme lexical se porte bien.
Bisous cher Aldor
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