Finesse et finasserie


On veut faire preuve de finesse, en montrant que la réponse à une question exige des nuances, et on arrive seulement à finasser, c’est-à-dire à noyer le poisson, à suspendre la dynamique, à briser le mouvement qu’on voulait améliorer. On s’est laissé prendre au piège du mieux qui tue le bien.

J’y tombe souvent, dans ce piège-là ! Et encore hier, dans l’épisode que je raconte dans l’enregistrement. À chaque fois c’est la même chose : il s’agit d’être plus précis, plus vrai, plus rigoureux, plus efficace ; mais à force de nuances et de distinctions subtiles, on se perd dans les méandres et surtout on perd le sens et l’essentiel.

Il y a comme une malédiction de la finesse, qui fait qu’elle est si souvent utilisée par les méchants, par le Malin comme on le surnomme justement, et décriée par le bon sens, le bon sens populaire, qui voit dans ses arguties, ses circonlocutions, ses coupures de cheveux en quatre un moyen d’échapper à la justice et à la vérité.

Cette propension de la finesse à se faire l’alliée des mauvaises causes, comme on le voit si couramment dans les affaires de lobbying, est assez extraordinaire. Elle a sûrement un lien avec l’intention orgueilleuse (montrer qu’on est malin) qui se cache souvent derrière notre volonté de préciser et nuancer les choses. Mais il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l’eau de bain et croire que ce que l’intuition ou le bon sens nous disent serait forcément pur et vrai – même si c’est souvent exact, même si notre conscience ou notre cœur sont souvent meilleurs conseillers que notre intelligence.

Pas de méthode, pas de martingale pour jouer au jeu de la vie. Il faut, à chaque instant, tout repeser, tout reprendre à zéro.

Que ce monde est compliqué ! Que la vie est passionnante !

Aldor Écrit par :

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